En juin 2013, Edward Snowden, employé de la NSA devenu lanceur d’alerte, avait alors révélé l’existence d’un système de surveillance mondiale des communications et d’Internet visant notamment les Allemands et le téléphone portable de la chancelière en particulier. Angela Merkel, qui a trouvé en Barack Obama un formidable allié, avait alors exprimé sa colère et sa déception de voir ce pays ami recourir à de telles méthodes. La chancelière allemande rappelait d’ailleurs à Barack Obama, en visite officielle à Berlin cette même année, que la surveillance d’Internet doit avoir des limites, que le programme de surveillance PRISM ne s’applique qu’à la lutte contre le terrorisme et au trafic d’armes. Or aujourd’hui, la télévision danoise rouvre ces plaies en faisant des révélations fracassantes. De hauts responsables politiques européens, dont la chancelière allemande Angela Merkel, auraient été espionnés par le renseignement américain entre 2012 et 2014, avec le concours des services de renseignement danois. La chaîne de télévision Danmarks Radio (DR) a indiqué que la National Security Agency (NSA) américaine s’était branchée sur des câbles de télécommunication danois pour espionner des responsables de premier plan et de hauts fonctionnaires en Allemagne, en Suède, en Norvège et en France. Pour ce faire, la NSA a bénéficié d’une collaboration en matière de surveillance avec les services de renseignement militaires danois (FE). La ministre danoise de la Défense, Trine Bramsen, qui a été nommée en juin 2019, a été informée de cette affaire en août 2020, selon DR. Le ministère danois de la Défense, interrogé par l’Agence France-Presse, n’a pas réagi, mais Trine Bramsen a déclaré à DR que «l’espionnage systématique par des alliés est inacceptable». Il n’est pas établi que le Danemark savait que les États-Unis utilisaient son système de surveillance pour espionner ses voisins. Angela Merkel, le ministre allemand des Affaires étrangères de l’époque, Frank-Walter Steinmeier, et le chef de l’opposition d’alors, Peer Steinbruck, figurent parmi les personnes que la NSA a espionnées, selon DR. La NSA a pu accéder aux SMS, aux appels téléphoniques et au trafic Internet, y compris les recherches, les chats et les services de messagerie, selon DR. L’espionnage de la NSA a été signalé dans un rapport interne de FE portant le nom de code «Operation Dunhammer» et présenté à la direction de FE en mai 2015, selon DR. DR a déclaré que ces informations avaient été confirmées par neuf sources qui avaient eu accès à des informations classifiées de FE, et a précisé que leurs révélations ont été confirmées indépendamment par plusieurs autres sources. Cette affaire d’espionnage, si elle est confirmée, s’est produite pendant et après l’affaire Snowden, en 2013. Évidemment, ces révélations concernent de vieux évènements mais il n’en reste pas moins qu’elles démontrent bien que les alliances affichées en public ne sont que politiques et que Washington se considère comme étant seul contre tous, allant jusqu’à espionner ses plus proches alliés. Ainsi, les promesses faites après les révélations de 2013 et les excuses de la Maison-Blanche à Merkel n’ont été que de la poudre aux yeux, cette dernière continuant au moins jusqu’en 2014 à être espionnée par les Américains.