La fermeture des boulangeries au mois d’août pour congé annuel, notamment au niveau de la capitale, créé chaque année une pénurie de pain dans certains quartiers. Les boulangers qui restent actifs sont alors quotidiennement pris d’assaut, quelques-uns profitant même de cette situation pour augmenter le prix de la baguette.
Par Thinhinene Khouchi
En ce mois d’août, les Algérois peinent à trouver du pain dans certains quartiers. Pour cause, chaque année la plupart des boulangers prennent leur congé annuel. Devant les boulangers qui restent actifs, on retrouve souvent d’interminables files d’attente. Ce scénario est devenu quotidien où des femmes, des enfants, des jeunes et des moins jeunes subissent ces files pour parvenir à acheter la fameuse baguette de pain de 10 DA. Cette forte demande n’est souvent pas satisfaite par les boulangers en activité. A Alger-Centre, les boulangeries de l’avenue Pasteur, du boulevard Mohamed V et la Genevoise au niveau de la rue Didouche-Mourad ont baissé le rideau depuis le début du mois en cours pour congé annuel. Les habitants de ces quartiers, et ceux limitrophes, qui avaient l’habitude de s’approvisionner auprès d’elles, sont désorientés et une certaine tension est ressentie. «C’est la même histoire chaque année. Le mois d’août est synonyme de pénurie de pain en Algérie», nous dira Omar, un père de famille à la recherche de la fameuse baguette de pain à Alger-Centre. Et d’ajouter : «J’habite au Télemly où il n’y a pas de boulangerie. J’ai donc l’habitude de venir à Pasteur pour en acheter. Maintenant qu’il est fermé, je dois faire le tour des autres boulangeries, subir les longues files d’attente pour enfin acheter mon pain ! C’est du n’import quoi». Même casse-tête à Belouizdad, où la majorité des boulangers ont fermé. L’unique boulangerie, rue Mohamed-Bouguerfa, face au vieux marché de Belouizdad, est encerclée par un monde fou. Malgré la forte chaleur qui y règne, l’intérieur du magasin est pris d’assaut et les baguettes de pain sont vendues aussitôt sorties du four. Les retardataires qui n’ont pas pu avoir la baguette de 10 DA, optent malgré eux pour celles de 20 et 30 DA. «La baguette de 10 DA s’écoule très vite, il reste souvent celle faite avec de la semoule à 30 DA», nous dira un quinquagénaire, ajoutant : «Heureusement que mes enfants sont mariés, sinon je ne peux pas me permettre les baguettes de 30 DA». Par ailleurs, pour pallier ce problème devenu pesant, notamment pour les familles où les deux parents travaillent à l’extérieur et ne peuvent pas confectionner du pain traditionnel quotidiennement, plusieurs ménages optent pour le pain industriel spécial sandwich ou hamburger ou même la congélation. «Vu que ma femme et moi travaillons à Alger, j’achète le pain en cours de route en quantité que nous mettons au frigo. Ainsi, on n’aura pas à subir la pénurie et les longues files d’attente devant les boulangeries en activité car nous n’avons pas le temps», nous confie un habitant de Beni Messous.
T. K.