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vendredi 24 mars 2023

Statut

Il y a quatorze ans, la Géorgie, petit État dans le Caucase, était la première grande cause de friction entre l’Occident et la Russie. En 2008, la petite République est en effet envahie par les troupes russes lors d’une brève guerre de cinq jours qui a fait environ 700 morts. La Russie soutient aussi à ce jour en Géorgie deux territoires séparatistes. La longue inimitié entre Tbilissi et Moscou donne aujourd’hui un espoir nouveau à des dizaines de milliers de manifestants qui ont défilé lundi dans la capitale géorgienne pour demander l’adhésion à l’Union européenne. Agitant des drapeaux européens et géorgiens, environ 120 000 manifestants se sont rassemblés devant le Parlement géorgien, quelques jours après la recommandation de la Commission européenne d’attendre avant d’octroyer à Tbilissi le statut de candidat à l’adhésion. Plusieurs organisations pro-européennes et l’ensemble des formations d’opposition avaient appelé à une «marche pour l’Europe» lundi soir à Tbilissi, afin de «prouver l’engagement du peuple géorgien dans son choix européen et dans les valeurs occidentales». «L’Europe est un choix et une aspiration historiques pour les Géorgiens, pour lesquels toutes les générations ont fait des sacrifices», ont déclaré les organisateurs dans le communiqué. «La liberté, la paix, le développement économique durable, la protection des droits humains et la justice, sont des valeurs qui nous unissent tous et qui seraient garanties par une intégration à l’Union européenne», ont-ils ajouté. L’un des organisateurs, le militant des droits humains Shota Digmelashvili, a lu un manifeste annonçant un autre rassemblement demain et le lancement d’un «nouveau mouvement populaire» qui comprendra des partis d’opposition mais sera dominé par des militants civils. «Nous formulerons nos demandes au gouvernement et s’il ne les satisfait pas, une résistance non-violente balaiera tous ceux qui font dérailler la Géorgie de son chemin européen», a-t-il déclaré. L’un des manifestants, l’écrivain Malkhaz Kharbedia, 47 ans, a déclaré que «chaque Géorgien doit assumer sa responsabilité personnelle pour que notre espoir européen se réalise». «Nous sommes descendus dans la rue aujourd’hui car le temps est venu de ne compter que sur nous-mêmes, pas sur quelqu’un d’autre, le temps de notre responsabilité personnelle, de nos efforts, de notre volonté inébranlable, de notre persévérance», a-t-il déclaré. Pour une autre manifestante, Lili Nemsadze, biologiste de 68 ans, «refuser à la Géorgie le statut de candidat (à l’adhésion) à l’UE signifiera que nous resterons dans la sphère d’influence de la Russie». «Le président russe Vladimir Poutine interprétera cela comme un feu vert pour envahir à nouveau la Géorgie». Le rassemblement de lundi vise à envoyer un signal à Bruxelles, alors que les dirigeants européens doivent discuter cette semaine pour savoir s’ils accordent ou non le statut de candidat officiel à la Géorgie, ainsi qu’à l’Ukraine et à la Moldavie. Si la Commission européenne a donné un avis positif concernant l’Ukraine et la Moldavie, l’exécutif européen a recommandé que la Géorgie se voie «offrir la perspective de devenir membre de l’Union européenne», une situation qui n’a cependant pas de valeur juridique. Tbilissi tente ainsi de s’engouffrer dans la brèche ouverte après la guerre en Ukraine et de profiter du statut particulier dont bénéficie aujourd’hui auprès d’une partie des dirigeants européens. Toutefois, les pays de l’UE doivent répondre à des critères très sérieux et pointus, tant sur le plan économique que politique. Si la Géorgie souhaite faire son entrée à Bruxelles, ses dirigeants devront se tenir prêts à faire beaucoup de sacrifices et renoncer à certains de leurs privilèges et surtout à devoir obéir au doigt et à l’œil aux directives de l’UE comme doivent le faire les pays déjà membres.

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