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samedi 1 avril 2023

Stature

Si la guerre russo-ukrainienne offre à Emmanuel Macron une chance inespérée de se présenter comme un chef d’État qui coopère avec les puissances du monde pour tenter de trouver une issue au conflit, même si son rôle est objectivement insignifiant, cela est une catastrophe pour ses adversaires à l’élection présidentielle. Car si la France est en pleine campagne présidentielle, l’Europe est, elle, touchée par la guerre et toute attaque politique, aussi légitime soit-elle, contre Macron est désormais perçue comme une attaque contre le chef des Armées françaises et donc comme un acte hautement antipatriotique et pourquoi pas comme un petit acte de trahison. C’est ainsi que de leur côté les candidats à la présidentielle plutôt que de critiquer le président tentent d’apporter leurs petites contributions à l’«effort de guerre». Éric Zemmour souhaite donc que l’ancien président Nicolas Sarkozy et l’ancien ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine, puissent se rendre en Russie, au nom de la France, pour trouver une solution diplomatique. Dimanche, le président de Reconquête ! a ainsi adressé un courrier à Emmanuel Macron, diffusé sur les réseaux sociaux. Dans cette lettre, l’ancien journaliste suggère au président de désigner Nicolas Sarkozy et Hubert Védrine en tant qu’«émissaires de la France pour la paix» pour que ces derniers puissent rapidement se rendre au Kremlin. Une proposition similaire faite d’ailleurs par Valérie Pécresse quelques heures plus tard. «La France ne peut plus rester attentiste et doit tout mettre en œuvre pour faire cesser cette agression et obtenir la paix le plus rapidement possible», déclare en préambule de sa missive Éric Zemmour, qui estime que le chef de l’État n’est «pas encore parvenu à faire entendre la voix de la France». Pour ce faire, il lui demande donc de «désigner aujourd’hui deux émissaires de la France pour la paix». «Tous deux (Sarkozy et Védrine) ont incarné sur le plan international la France comme puissance indépendante et d’équilibre», assure-t-il. L’un, ancien chef d’État de droite, a obtenu un cessez-le-feu durant le conflit entre la Russie et la Géorgie en 2008. Tandis que l’autre, socialiste, a été ministre des Affaires étrangères de 1997 à 2002 et conseiller diplomatique. «Tous deux sont respectés par les belligérants, par les Ukrainiens comme par les Russes, par les Européens comme par les Américains. Tous deux ont l’expérience de la diplomatie et des médiations», poursuit-il encore. Le but pour Éric Zemmour est que ces deux figures se rendent «au plus vite» à Moscou et Kiev pour «obtenir un cessez-le-feu et le début des négociations de paix». «Il est urgent que la France retrouve son rôle international et que sa voix soit de nouveau écoutée dans le monde afin d’aboutir à la paix nécessaire et vitale pour notre continent», conclut-il. Ces derniers jours, Emmanuel Macron a toutefois multiplié les échanges téléphoniques avec le président ukrainien. Avant l’invasion russe, il s’était également rendu à Moscou pour tenter une médiation avec Vladimir Poutine. Deux heures après cette proposition, Valérie Pécresse, qui attend toujours le soutien de l’ancien président de la République à sa campagne présidentielle, a formulé peu ou prou la même suggestion. Sur les réseaux sociaux, la candidate LR a indiqué s’être entretenue ce week-end à deux reprises avec Nicolas Sarkozy. Interrogé hier, le secrétaire d’État aux Affaires européennes, Clément Beaune, a toutefois rejeté la proposition. Nommer un émissaire, «ce n’est pas sérieux», a dit ce proche du chef de l’État. «Nicolas Sarkozy et Hubert Védrine sont évidemment éminemment respectables (…) mais il n’y a pas d’émissaire quand vous êtes en charge de la République, chef des Armées, responsable de sécurité des pays, président. Ce n’est pas possible sur des sujets aussi graves», a-t-il insisté. Mais ce rejet n’est pas très surprenant, car il n’aurait pas été dans l’intérêt du candidat Macron, même si pas encore officiellement déclaré, d’avaliser une idée du candidat Zemmour. Car pour le moment, la meilleure stratégie de Macron est certainement de jouer à fond sur sa stature de chef d’État et des Armées tout en laissant ses équipes rapetisser ses adversaires.

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