C’est du bout des lèvres que Jacques Chirac avait soutenu Nicolas Sarkozy en 2007 lors de l’élection présidentielle à laquelle l’ancien ministre de l’Intérieur partait archi favori. D’aucuns pourraient penser que Sarkozy à l’époque n’avait pas besoin du soutien du président de l’époque pour s’imposer dans les urnes. Aujourd’hui toutefois les choses sont bien différentes pour la candidate officielle Les Républicains, Valérie Pécresse, qui aurait, elle, bien besoin de l’aide de l’ancien président de droite, encore très populaire auprès des sympathisants de sa famille politique. Mais Sarkozy traine des pieds et n’hésite pas à critiquer violemment, en privé, la candidate qui selon lui est en train de rater sa campagne. Un des lieutenants de Nicolas Sarkozy confie sans ambages : « De toute façon, Nicolas ne l’a jamais aimée. C’est injuste mais c’est comme ça. » Sous couvert d’anonymat, un autre sarkozyste affirme que l’ancien chef de l’État serait sollicité « toutes les semaines » afin de faire « un geste de soutien » envers Valérie Pécresse : « Ils ressortent en se disant que c’est mal barré ! » Ce qui ne serait pas sans inquiéter Les Républicains, qui craignent un possible rapprochement avec Emmanuel Macron, alors qu’un proche historique de Sarkozy, Éric Woerth, a déjà sauté le pas. « Si Pécresse décroche, Nicolas Sarkozy sera tenté de jouer l’alarme contre la menace de l’extrême droite, et donc pourrait vouloir aider Macron », analyse un ténor LR. Valérie Pécresse a occupé plusieurs postes de choix au sein de l’exécutif lors du mandat de Nicolas Sarkozy, entre 2007 et 2012. Elle a notamment été ministre du Budget et ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Un passé qu’elle ne mettrait pas assez en avant, ce que lui reprocherait Nicolas Sarkozy. En privé, il aurait même estimé que la candidate LR « a quand même du mal à prononcer son nom », alors qu’elle cite très fréquemment l’ancien président Chirac dont elle se réclame plus volontiers. Il aurait également jugé que Valérie Pécresse a commis une sacrée maladresse lorsqu’elle a repris la métaphore du Kärcher, en début d’année. Ce qui lui avait d’ailleurs valu d’être raillée par une partie de la classe politique. Pour tenter de rectifier le tir Valérie Pécresse est allé voir Sarkozy dans ses bureaux à Paris. Une « conversation entre amis », tout à la fois « franche et affectueuse », selon la candidate LR, qui s’est exprimée à la sortie, en arborant un grand sourire. « C’était très utile pour moi d’avoir les conseils d’un ancien président de la République », a-t-elle poursuivi, se disant « très heureuse de cet entretien ». Devant les journalistes, Pécresse a également évoqué « un moment en famille ». Une manière, pour elle, de rappeler Nicolas Sarkozy à sa filiation politique. Reste à voir si cette visite médiatisée suffira à gagner les faveurs de l’ex-président de droite ou si la candidate LR devra changer son discours public plus en profondeur pour y incorporer des références à Nicolas Sarkozy qui, bien qu’il ait quitté l’Élysée il y a dix ans, reste une voix importante du champ politique.
Fouzia Mahmoudi