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dimanche 28 mai 2023

Soudan, de trêve en trêve jusqu’à un cessez-le-feu permanent ?

Après une première trêve de 72 heures obtenue grâce aux efforts conjoints de la diplomatie américaine et de l’ONU, dont on ne peut dire  qu’elle ait été fort respectée, une deuxième de même durée l’a été par les mêmes médiateurs et qui probablement connaîtra le même sort mitigé. D’ici à ce que cette dernière  prenne fin à son tour, un plus grand nombre d’étrangers aura quitté le Soudan, cela en revanche étant une certitude. Dans ce début de guerre, il nous  été montré bien plus d’étrangers quitter en bon ordre le pays en crise que de nationaux fuyant les théâtres de violence, eux qui pourtant sont bien plus en danger de mort. Au rythme où vont les exfiltrations,  même les ressortissants américains, que Washington presse maintenant de craindre sérieusement pour leur vie, finiront par entendre raison, c’est-à-dire par s’en aller. Peut-être même se laisseront-ils  à ce moment filmer en train d’embarquer dans des avions, ou autres moyens de transport, visiblement marqués de la bannière étoilée. Pour l’heure, en effet, tout est possible, y compris que la deuxième trêve soit plus respectée que la première, et que les ressortissants américains se décident à quitter le Soudan. Scénario d’autant plus plausible que chacun sait bien qu’une première trêve est faite en quelque sorte pour être violée. Se rencontrant à son issue, évidemment aussi pour en tirer le bilan, Antony Blinken et Antonio Guetteres, ont reconnu volontiers qu’elle n’avait pas été vraiment respectée, mais aux airs entendus et complices qu’ils ont eu pour le dire, on a bien vu bien qu’ils avaient néanmoins un ou plusieurs   motifs de satisfaction. Pour eux, c’est parce que cette première trêve justement n’a pas été un complet échec qu’ils ont redoublé d’effort pour la faire suivre d’une deuxième de même durée, laquelle à son tour sûrement connaîtra des violations. Mais si à son terme il s’avère que ces dernières ont été moins nombreuses et moins violentes que celles ayant marqué la première, ils pourront s’estimer avoir obtenu de bons résultats. Ils proposeront une troisième trêve, qui à son tour pourra s’avérer plus prometteuse encore, ayant été moins violée que la précédente. Viendra alors le moment de faire accepter par les belligérants non plus une trêve de 72 heures, mais un cessez-le-feu, en d’autres termes une trêve ininterrompue, dont on ne s’attendra pas cependant qu’elle ne soit entrecoupée de violences sporadiques. Nul doute que c’est ainsi que comptent procéder les médiateurs en action. On sait par avance quels sont les critères de la réussite et ceux de l’échec de leur entreprise. Si les violences cessent, ou même seulement s’espacent, se raréfient, ils auront obtenu gain de cause. Ils auront échoué dans le cas d’un embrasement. Dans le premier cas, ce serait comme s’ils avaient fait faire marche arrière au Soudan en le ramenant à la situation d’avant le début des affrontements entre les Forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide. Ce retour en arrière est-il possible après tout ce qui s’est produit ? Il ne semble pas.  Quoi qu’il en soit, la solution pacifique ne peut consister dans le rétablissement d’une coexistence intenable, celle de deux armées au sein d’un même Etat. L’une de ces armées doit se fondre, disparaître dans l’autre. C’est nécessairement aux FSR qu’est réservé ce sort, non pas à l’armée régulière, pas aux FAS. Ce qui est à négocier, ce sont les modalités de l’intégration des FSR dans les FAS, non l’intégration elle-même, qui elle est incontournable. Autrement, les trêves n’auront servi qu’à apporter la preuve que la guerre civile est quelque chose d’inéluctable.

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