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vendredi 19 avril 2024

Sommet sino-américain : une coordination pour conjurer la guerre

Le sommet virtuel sino-américain de lundi dernier, dont on ne sait encore que les images diffusées par la Maison-Blanche, ce qui évidemment est peu, d’autant qu’elles ne concernent que le début de la rencontre, a tout de même confirmé quelque chose que nous savions déjà, c’est que les deux présidents, Joe Biden et Xi Jinping, ont de bonnes relations personnelles. Cela nous ne le savions jusque-là que d’un seul côté, celui de Biden, à qui il était arrivé de dire qu’il appréciait son homologue chinois, avec lequel il avait eu à plusieurs reprises l’occasion, du temps où il était vice-président, de discuter longuement, en Chine même. Cette bonne entente a été confirmée au sommet de lundi par le président chinois, qui a appelé au début de l’entretien Biden «mon vieil ami», une familiarité qui, à ce qu’il semble tout au moins, n’a pas déplu au président américain. Deux dirigeants politiques ayant personnellement une bonne opinion l’un de l’autre, en dépit de tout ce qui oppose leurs deux pays, voudraient naturellement que cette estime réciproque s’étende à l’ensemble des relations entre leurs deux pays.

Pour autant, la rencontre de lundi n’avait pas pour objet la réconciliation de leurs deux pays, l’ouverture d’une nouvelle page de leurs relations, dont le moins que l’on puisse dire est qu’elles ont eu tendance à se dégrader ces derniers temps, mais bien de s’entendre sur les mécanismes, les dispositifs, les garde-fous, qui les préserveraient d’une guerre, destructrice par définition, à laquelle ils sont naturellement portés. Eu égard au fait qu’ils ne se disputent rien moins que la direction du monde, la pente de moindre résistance des deux côtés les inclinerait à coup sûr à l’affrontement. De là la nécessité, l’urgence même, de mettre en place quelque chose comme des forces mécaniques de rappel capables de les tirer vers l’arrière chaque fois que la guerre entre eux est sur le point d’éclater. La proposition est faite par les Américains. Il ne semble pas qu’elle soit de nature à déplaire aux Chinois. Reste aux deux parties à trouver ce dispositif anti-guerre efficace, parfait dans son genre, qui entre en action automatiquement, indépendamment de la volonté des hommes, chaque fois que leurs armées s’apprêtent à ouvrir le feu l’une sur l’autre. Il se peut bien que les Américains aient à l’esprit en faisant cette proposition aux Chinois à leur expérience avec les Russes dans un conflit où tout les opposait à ces derniers et où pourtant pas un incident, pas une bavure, ne s’était produit entre eux. Ce conflit, c’est la guerre en Syrie, intense pendant une décennie, et où les Américains et les Russes, à la tête de deux coalitions ennemies, avaient néanmoins réussi ce coup de force de ne jamais se tirer dessus. En particulier ils sont parvenus à n’abattre aucun de leurs avions, dans un ciel pourtant très encombré à un certain moment. Comment cet exploit a-t-il été possible ? Par la mise en place d’une coordination à toute épreuve. Pour la première fois, on a vu deux armées appartenant à deux camps en guerre se tenir rigoureusement l’une l’autre au courant de leurs raids, de leurs cibles, de leurs plans de vol etc., le tout suffisamment à
l’avance pour que tout risque d’erreur soit écarté. Mais si cette coordination entre ennemis a réussi en Syrie entre Américains et Russes, c’est peut-être parce que le théâtre du conflit était très éloigné de leurs territoires respectifs. Réussira-t-elle de même entre les Américains et les Chinois, alors que le conflit susceptible de les dresser les uns contre les autres, est tout près des côtes chinoises, et par contre à des milliers de kilomètres du territoire américain ? Ce n’est pas évident.

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