Le prochain sommet de la Ligue arabe est censé se tenir prochainement à Alger. Il se trouve que pour l’heure c’est à peu près tout ce qu’il est possible de savoir le concernant. Sa date n’a toujours pas fait l’objet d’une annonce officielle, ni par le secrétariat de l’organisation ni par le pays hôte. Depuis le temps qu’il est cependant question de ses préparatifs, c’est dans les semaines à venir qu’il devrait en principe avoir lieu. Or, il y a quelque temps, le secrétaire général de la Ligue, Ahmed Abou Gheit, a eu l’occasion de déclarer que le sommet d’Alger se tiendrait non pas cette année, comme tout jusque-là le laissait supposer, mais le 22 mars prochain de l’année prochaine, date du 77e anniversaire de la naissance de la Ligue arabe, créée ce même jour en 1945. Il semble bien que si à Alger comme au Caire, on prend un certain soin à être évasif sur la date de la tenue, c’est que du côté de la diplomatie algérienne tout au moins, on veut d’abord s’assurer du succès de l’entreprise avant de s’y mettre. Qu’est-ce que cela peut bien être par les temps qui courent un sommet réussi de la Ligue arabe ?
Sous cette forme, cette question, bien que semblant prendre le taureau par les cornes, n’est pas assez précise. Pour l’être tout à fait, sa formulation devrait tenir compte du pays hôte, en l’occurrence l’Algérie. Les conditions du succès ne sont pas forcément les mêmes pour tous les pays organisateurs possibles, à tout le moins dans les circonstances actuelles. Tout se passe comme si notre pays ne voit pas d’intérêt à abriter un sommet dont les conditions de réussite ne seraient pas réunies, et sinon toutes du moins les principales d’entre elles au regard du moment. Dans le contexte actuel, faire d’un sommet de la Ligue arabe un succès, c’est d’abord et avant tout, du point de vue algérien, parvenir à faire réoccuper à la Syrie son siège au sein de l’organisation, un droit dont elle est injustement privée depuis maintenant une décennie. Sans doute n’est-ce pas là tout ce qu’Alger aimerait faire porter à son actif lors du prochain sommet, le monde arabe connaissant d’autres questions en quête de résolution, mais rendre à Damas son siège n’en reste pas moins la tâche la plus urgente. Beaucoup ont cru que son isolement dans la région serait brisé à Baghdad, lors de la conférence réunissant les pays voisins de l’Irak à l’initiative de ce dernier, de même que les grandes puissances, réunion tenue dans la capitale irakienne à la fin du mois d’août. Cette occasion a été ratée, peut-être davantage du fait des réticences ou du rejet de certains participants envers la présence de la Syrie que du choix délibéré de l’Irak de l’en exclure. Mais le courage dont l’Irak n’a pas fait preuve à cette occasion, tout porte à croire qu’il ne manquera pas à Alger, d’autant que lui n’a jamais rompu avec Damas. Il convient d’ajouter que l’opposition au retour de la Syrie s’est transformée depuis quelque temps déjà en simples réticences chez ces mêmes pays, les monarchies du Golfe pour l’essentiel, qui avaient par le passé obtenu sa suspension. Or même cette réticence est en train de se fissurer, comme en atteste le récent rapprochement entre la Syrie et la Jordanie. Les temps sont mûrs pour que le sommet d’Alger soit celui de la récupération par la Syrie de ses droits de membre à part entière de la Ligue. Ce qui à son tour ne manquerait pas de l’aider à sortir plus rapidement de sa crise.
M. H.