Le président somalien, Mohamed Abdullahi Mohamed, dit «Farmajo», a signé une loi controversée prolongeant de deux ans son mandat expiré en février, aggravant la crise politique dans ce pays déjà miné par les violences.
«Le chef de l’État somalien a promulgué la résolution spéciale guidant les élections du pays, après son adoption à l’unanimité par le Parlement lundi», a annoncé hier matin la radio nationale, Radio Mogadiscio. La communauté internationale, États-Unis en tête, a mis en garde contre cette résolution qu’elle considère comme une menace pour le fragile équilibre politique du pays.
Le président du Sénat somalien a également jugé inconstitutionnel ce texte voté par la chambre basse. Il a été promulgué sans passer devant le Sénat, comme le prévoit le processus législatif. Cette nouvelle loi prévoit l’organisation d’élections d’ici à 2023, avec un retour au principe du «un homme, une voix», objectif ambitieux que les autorités s’étaient initialement fixé pour tenir les premières élections entièrement démocratiques depuis 1969. Mais l’organisation d’un scrutin au suffrage universel direct a achoppé sur de multiples désaccords politiques et surtout pour des raisons sécuritaires. Afin de sortir de l’impasse, ce principe avait été abandonné dans un accord le 17 septembre entre le président Farmajo et cinq leaders régionaux.
L’accord prévoyait des élections présidentielles et législatives indirectes avant la fin du mandat présidentiel, en revisitant un système complexe où des délégués spéciaux choisis par de multiples chefs de clans élisent les parlementaires, qui votent ensuite pour le président.
Ce processus a également débouché sur une impasse, dont les leaders régionaux et le président se rejettent la faute.
Depuis la fin de son mandat, le président Farmajo est jugé illégitime par l’opposition somalienne, et plusieurs tentatives de négociations ont échoué.
La communauté internationale a multiplié ces dernières semaines les appels à la tenue d’élections le plus rapidement possible. Les États-Unis, un des principaux alliés de la Somalie, se sont dits mardi «profondément déçus» par la volonté de prolonger le mandat présidentiel. Cela «créerait de profondes divisions, saperait le processus de fédéralisme et les réformes politiques qui ont été au cœur des progrès du pays et de son partenariat avec la communauté internationale, et détournerait l’attention de la lutte contre les shebab, les islamistes somaliens affiliés à al-Qaïda», a estimé, mardi, le secrétaire d’État américain, Anthony Blinken, dans un communiqué.