Nous avons le plaisir de vous livrer un nouveau dossier, comprenant un reportage et un entretien, de la série «Février de l’Energie».
Première initiative du genre dans l’histoire de la presse nationale, votre quotidien «Le Jour d’Algérie» a placé le mois de février sous la bannière de l’Energie. Dans une série d’articles consacrés au thème des hydrocarbures et autres formes d’énergie, il vous est proposé un bouquet de reportages et d’entretiens, confectionnés par une équipe de journalistes spécialement dépêchée sur les lieux, tant dans le sud que dans le nord du pays. Le lecteur est convié tout au long de ce mois, à intervalles réguliers de parution, à apprécier un travail de fond, fait d’analyses et diagnostics élaborés par des experts rencontrés au sein des entreprises du secteur et dans les espaces de production.
Devenir un opérateur EPC de premier plan
La Société nationale de génie-civil et bâtiment a pour ambition de devenir un acteur majeur dans le domaine de l’engineering et du procurement. Filiale du Groupe Sonatrach, GCB a mis en œuvre une stratégie de développement pour lui permettre de devenir incontournable dans le secteur des hydrocarbures.
Par Mehdi Mourad
GCB célèbre cette année son quarantième anniversaire. La Société nationale de génie-civil et bâtiment fait partie des opérateurs publics qui ont marqué le secteur des hydrocarbures. Spécialisée initialement dans le génie-civil, elle s’est très rapidement engagée dans des domaines aussi divers que la réalisation de routes, de pistes d’atterrissage, de travaux de canalisation et d’ouvrages hydrauliques et de transferts. Une entreprise dont les ouvrages sont visibles dans les zones pétrolières et gazières les plus reculées du grand sud algérien. GCB c’est aussi des infrastructures que nous croisons au quotidien, comme ces milliers de kilomètres de rails de chemin de fer, ces gares ainsi que l’ensemble des stations-services Naftal qui bordent les 1720 kilomètres de l’autoroute est-ouest.
Profiter de la crise
GCB est certes un grand bâtisseur, cependant la société a les capacités de devenir un opérateur majeur d’Engineering, procurement and construction (EPC, Ingénierie Approvisionnement et Construction) et pouvoir ainsi réaliser des projets clé en main dans le secteur pétrolier. La logique aurait voulu que cette mutation se soit déroulée durant la période où les prix du brut étaient au plus haut. A cette époque, la filiale de la Sonatrach a subi un contexte marqué par un recours quasi systématique aux opérateurs étrangers. Une situation qui l’a cantonné dans son statut de constructeur et qui a freiné le développement des activités d’engineering et deprocurement. La chute des prix du pétrole et la crise économique sont finalement deux facteurs favorables à l’évolution de GCB puisqu’ils lui ont permis d’augmenter son plan de charge et de mettre en œuvre une nouvelle stratégie de développement. Longtemps réservés aux sociétés étrangères, des créneaux aussi divers que le traitement de l’oil&gas, de l’eau, le dessalement et les énergies renouvelables peuvent être traités par cette entreprise algérienne. Pour cela, GCB besoin d’augmenter ses effectifs d’ingénieurs et de mettre à niveau ses qualificationsen prenant de nouveaux projets.
Engager, former et faire confiance
En matière d’engineering, la Société Nationale de Génie Civil et Bâtiment a mis en place une véritable taskforce au sein de sa direction d’engineering (ENG) dont le siège est à Boudouaou. GCB a réussi à rassembler des ingénieurs algériens qui ont travaillé dans les rangs des plus grandes entreprises étrangères d’EPC. En plus d’être diplômés des universités algériennes, la plupart ont pour point commun d’avoir fait passage par Brown &Root-Condor (BRC). Ces ingénieurs ont réalisé et géré des projets au Moyen-orient, en Afrique, en Asie et en Amérique du Nord. Ils mettent leur capital expérience à la disposition de GCB afin de faire de cette entreprise un opérateur EPC de premier plan. Cette multidisciplinaire dispose de tous les moyens pour travailler, notamment en matière de disponibilité de logiciel nécessaire à l’élaboration des projets. Ce processus de récupération de l’expertise algérienne est capital dans le contexte actuel. GCB a également recrute et forme de jeunes ingénieurs qui sont accompagnés par les membres de la taskforce.
Agée de 26 ans, Fatma-Zohra Kerdjoudj, ingénieure en pipelines, est l’exemple même de cette jeune élite. Opératrice sur Caesar II, un logiciel dédié à l’analyse des contraintes de flexibilité des tuyauterie et des pipelines, elle a participé Travailler sur le TGT12 16 pouces du groupement Enie-Sonatrach d’une longueur. Et les projet Touat et HassiRmel pour la conception de bacs d’hydrocarbures. Fatma-Zohra Kerdjoudj forme également des ingénieurs à l’utilisation de ce logiciel. Il faut dire que GCB a mis en œuvre un programme d’acquisition de logiciels de dernière génération. Un investissement coûteux mais essentiel pour le développement du département engineering. Ses équipes se disent prêtes à relever un véritable challenge : «fabriquer des pièces métalliques spécifiques qui sont généralement importer et participer activement à minimiser l’érosion des réserves de change limitant l’importation».
Développer et fabriquer
Un opérateur EPC doit également se donner les moyens de produire les pièces développées par ses ingénieurs. C’est là le rôle d’une unité de GCB qui sera, à l’avenir, dédié au procurement. Située dans la zone industrielle d’El Harrach, elle est spécialisée dans la charpente métallique. Cette activité essentielle dans le secteur de la construction est en phase d’être renforcée par nouveau département.
Le site est une véritable ruche : des ouvriers s’affairent à réaliser les locaux du service de Méthodes, cette structure qui sera chargée de recevoir les plans des pièces élaborés par le service engineering de Boudouaou puis de faire en sorte de les modéliser et de donner les ordres de fabrication aux ateliers situés au sein même de cette unité. Les ingénieurs du service Méthodes ont un rôle essentiel car ils l’interface entre l’engineering et la production. La nouvelle équipe devrait prendre ses fonctions au début du mois de mai », explique Achouri Yazid, directeur de l’unité de construction métallique GCB d’El Harrach. La première étape consistera à produire des pièces utilisées par la Sonatrach et ses filiales. Des brides, des coudes, des filtres, des supports de pipe mais aussi des mâts de paratonnerre et des gare de racleurs. Cette dernière, plus complexe à produire, fait l’objet d’une attention particulière. «La gare de racleurs est un équipement installé à l’extrémité d’un pipeline qui permet d’introduire et de réceptionner des racleurs dont le rôle consiste à nettoyer ces oléoducs», indique pour sa part Saadedine Abderahmane, chef du département fabrication charpente métallique et pipeline en montrant un prototype en cours d’élaboration dans les ateliers de l’unité. Doté d’équipements de traitement et de transformation de charpente métallique et de plaques d’aciers, les ateliers sont également chargés de produire des bacs de stockage d’hydrocarbures pour le compte de la Sonatrach et de Naftal. La demande est telle que l’unité a lancée une campagne de recrutement de soudeurs qualifiés pour la réalisation de ce plan de charge. Achouri Yazid assure que ceci n’est qu’un début et que GCB dispose du potentiel humain et matériel de produire les équipements pour de futurs projets en EPC.
M. M.