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vendredi 19 avril 2024

Silence

Si Emmanuel Macron se prononce prochainement sur sa candidature pour un nouveau mandat à l’Élysée, il reste aujourd’hui le président de la France et à de ce fait certains devoirs, même vis-à-vis de ses adversaires. L’un de ses devoirs étant de les protéger lorsque des menaces sont émises à leur encontre, comme c’est notamment le cas de Valérie Pécresse qui a été visée par des propos inquiétants de la part du président de l’Azerbaïdjan. Ce dernier a en effet affirmé que s’il avait été «au courant de la visite illégale de Valérie Pécresse» dans la région séparatiste du Nagorny-Karabakh, au centre d’un conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan qui a fait plus de 6 500 morts, il ne l’aurait pas «laissée repartir». Depuis quelques jours, ces propos du président azerbaïdjanais, après la visite de la candidate LR à la présidentielle dans le Haut-Karabakh, indignent la droite. Depuis Athènes, ce week-end, cette dernière a vivement réagi, dénonçant la «gravité de cette menace sur une candidate (…) qui ne serait pas libre d’aller où elle veut». Hier, sur Europe 1, la présidente de la région Île-de-France est revenue sur le sujet, fustigeant le «silence assourdissant du gouvernement». Selon elle, il n’est pas normal qu’aucun membre de l’exécutif n’ait encore pris la parole pour dénoncer les propos d’Ilham Aliyev : «Le gouvernement qui ne défend pas une candidate à la présidentielle qui s’est rendue sur le terrain et qui est attaquée, c’est un scandale». Dimanche, dans le JDD, une tribune, co-signée par Damien Abad, François-Xavier Bellamy, Bruno Retailleau ainsi que la majorité des députés, sénateurs et députés européens LR, a été publiée. S’adressant au président de la République, les élus s’indignent contre une déclaration qui vaut selon eux «appel à la haine contre une responsable politique française» et qui constitue «une menace à peine voilée contre notre nation, son gouvernement et ses représentants». «Nous vous demandons d’exiger, au nom de la France, des excuses solennelles de la République d’Azerbaïdjan, mais également d’envisager, si celles-ci n’étaient pas formulées dans les plus brefs délais, un rappel de notre ambassadeur. Il en va des valeurs françaises comme de l’honneur de la France», réclament-ils. Relayée par de nombreux élus LR, elle n’a pour l’instant suscité aucune réaction d’Emmanuel Macron. Un silence largement dénoncé par Les Républicains. «Toujours aucune réaction du président de la République, qui doit entendre cet appel unanime de notre famille politique. Les menaces de l’Azerbaïdjan contre Valérie Pécresse, parce qu’elle a réaffirmé notre soutien indéfectible au peuple arménien, nécessitent une réaction ferme», a par exemple tancé Laurent Wauquiez, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, sur Twitter. Interrogé sur cette question, Christophe Castaner, le président du groupe LREM à l’Assemblée nationale, a indiqué qu’«Emmanuel Macron interviendra systématiquement quand on menacera des personnalités politiques», comme cela a été le cas de la présidente de la région Île-de-France. «Il le fait systématiquement», ajoute-t-il. Et de conclure : «Valérie Pécresse a tenu des propos qui ont irrité ce pays, elle est tout à fait libre de le faire». Reste que les jours passent et que l’Élysée ne s’est toujours pas exprimé sur la question, visiblement gêné de devoir défendre une adversaire à la présidentielle, alors que le président ne s’est toujours pas officiellement lancé dans la course à sa réélection. Mais Macron sera vraisemblablement obligé de sortir de son silence et de défendre la candidate LR, même si aujourd’hui elle est sa plus redoutable rivale et la seule, selon les sondages, à être capable de le battre dans un éventuel second tour.

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