Plusieurs wilayas du pays souffrent de perturbations en eau potable et quasiment toutes les communes de la capitale connaissent le même problème. Cette situation qui empire de jour en jour semble pousser à bout les citoyens, les obligeant à descendre dans la rue pour manifester leur mécontentement.
Par Thinhinene Khouchi
L’eau potable, l’un des grands casse-tête des Algériens. Pour cause, dans certaines wilayas du pays, à l’image de Bordj Bou-Arréridj, ils ont de l’eau deux jours sur sept. Dans d’autres wilayas, c’est encore pire, il faut attendre jusqu’à 15 jours pour espérer avoir de l’eau à la maison. À Oran, Constantine ou Annaba, grandes villes du pays, ce problème se pose aussi. Pour la capitale, les perturbations en eau potable s’aggravent de jour en jour. À Birkhadem, Gué de Constantine, Chéraga, Dély Brahim, Bouzaréah, Béni Messous, Cité Sidi El Kebir (Rais Hamidou), Zeghara (Bologhine), une partie de la commune de Ben Aknoun, Ain Benian…, les citoyens dénoncent ces coupures d’eau devenues très fréquentes mais surtout insupportables. Souvent, la Société des eaux et d’assainissement de la wilaya d’Alger (Seaal) explique ces perturbations par «une panne électrique au niveau des stations principales de production», mais oublie souvent de préciser la durée des travaux de maintenance ni même les moments des coupures. Sur son site info Trav’Eau.Seeal, on retrouve des cartes indiquant les communes concernées par la suspension en eau potable et les raisons avancées pour la plupart sont dues à un «niveau bas du réservoir» ou encore «ressources en eau insuffisantes». Pour Widad, résidente à Ain Benian, «cette situation est insupportable et dure depuis trop longtemps». «Je suis dans l’obligation de me lever tôt tous les jours pour faire mes réserves en eau potable. Ça commence vraiment à bien faire», a-t-elle ajouté. «A 11h déjà, le robinet est à sec. Il faut donc attendre le lendemain 7h pour avoir de l’eau», nous dira Mehdi, résident à Kouba. Il ajoutera : «Ma femme et moi avons cinq heures seulement pour prendre une douche, laver le linge, faire la vaisselle et bien sûr remplir nos réserves d’eau». A Bouzaréah, Samira nous confie : «Cela fait cinq jours que je n’ai pas d’eau. Je me suis rendue à la Société des eaux et d’assainissement de la wilaya d’Alger pour comprendre les raisons de cette coupure anarchique, vu que la moitié de mon quartier a de l’eau et l’autre moitié n’en a pas depuis plus de cinq jours. Mon interlocuteur au niveau de la Seeal m’a dit qu’ils allaient dépêcher une équipe pour régler le problème, mais depuis deux jours aucune nouvelle». En outre, dans certaines communes de la capitale, des dizaines de citoyens ont fermé la route en signe de protestation contre «la coupure d’alimentation en eau potable depuis plus plusieurs jours», a-t-on constaté à Bordj El Kiffan. Par ailleurs, afin de comprendre les raisons de ces coupures qui se sont aggravées cette année, nous avons contacté le ministère des Ressources en eau ainsi que la Société des eaux et d’assainissement de la wilaya d’Alger. Malheureusement, c’est silence radio pour ces deux établissements. Pis encore, la cellule de communication du ministère des Ressources en eau est aux abonnés absents. Enfin, il est à rappeler que Mustapha- Kamel Mihoubi, ministre des Ressources en eau, avait donné des instructions fermes pour assurer un approvisionnement régulier en eau potable suivant le programme établi à Alger, insistant sur l’importance de l’augmentation de la production de l’eau pour approvisionner les citoyens et éviter les coupures ou les perturbations. Le ministre ne s’est pas arrêté là puisqu’il a mis fin, vendredi dernier, aux fonctions des directeurs de la distribution et de la production de la Société des eaux et de l’assainissement d’Alger (Seaal) et a chargé le directeur des ressources en eau de la wilaya d’Alger d’assurer la gestion sous l’autorité du wali, suite aux perturbations enregistrées dans certains quartiers de la capitale. Malheureusement, ces mesures n’ont rien changé à la situation catastrophique que vit quotidiennement le citoyen.
T. K.