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vendredi 19 avril 2024

Seymour Hersh accuse les Etats-Unis de sabotage de Nord Stream

S’il s’en trouvait encore pour douter que ce fût les Américains qui aient saboté les gazoducs russes Nord Stream, fin septembre 2022 au fond de la mer Baltique, il ne devrait plus en exister après la publication par Seymour Hersh, un des grands noms du journalisme d’investigation, d’une enquête portant sur cette affaire, sous le titre : «Comment l’Amérique a détruit les gazoducs Nord Stream ?» La qualité de l’article en question, où abonde le détail qui ne s’invente pas, mais aussi la réputation d’honnêteté intellectuelle de l’auteur, mettent fin à toute spéculation à cet égard. Toutefois, cela n’a pas empêché la Maison-Blanche d’apporter un démenti catégorique aux affirmations de Hersh dès la publication online de l’enquête. Nul doute qu’elle continuera de nier sa responsabilité aussi longtemps qu’il faudra. Quitte pour cela à laisser la Grande-Bretagne se faire accuser par les Russes, ce qui est déjà arrivé, sans qu’elle ait beaucoup protesté de son innocence d’ailleurs, à croire qu’elle se sentait flattée de se voir imputer un tel haut fait.

On sait maintenant qu’en fait elle n’y était pour rien, peut-être même n’était-elle pas au courant, à la différence d’autres, qui pour leur part avaient été informés, à l’exemple de la Norvège, du Danemark, et de la Suède, qui eux avaient été expressément briefés, ne serait-ce que pour qu’ils se tiennent tranquilles au moment des explosions, et des tremblements de terre subséquents. Il se trouve qu’un de ces alliés, la Norvège, a joué un rôle actif, même s’il n’a été qu’une force d’appoint. C’est lui qui a choisi l’emplacement des explosifs le long des gazoducs, et qui s’est chargé de leur camouflage, pour les rendre indétectables par les appareils de surveillance russes. Pour autant, ce sont des plongeurs de la marine américaine qui les ont fixés aux endroits indiqués par eux. Cette action est menée en juin 2022. Les explosifs séjourneront en mer jusqu’au 26 septembre, où ils seront actionnés à distance sur ordre direct du président des Etats-Unis. Maintenant qu’on sait comment le sabotage de Nord Stream s’est produit, et par qui et avec quelle complicité, cela change-t-il quelque chose ? Sommes-nous plus avancés ? A priori non, d’autant que ses auteurs nieront toujours les faits. Cela pour une raison simple : un acte de sabotage est un acte de guerre. C’est une seule et même chose de reconnaître en être l’auteur ou de se déclarer en guerre avec sa victime. Les Etats-Unis et leurs alliés passent leur temps, d’une part à envoyer des armes et des subsides à l’Ukraine, et de l’autre à nier qu’ils soient pour cela en guerre avec la Russie. Ils ne seraient en guerre avec elle, disent-ils, que dans le cas où ils se battraient contre elle avec leurs propres soldats. Tant qu’ils ne feraient pas cela, ils se considèreraient en paix avec elle. Les Américains ne pourraient plus adopter pareille attitude si d’aventure ils avouaient que c’est effectivement eux qui avaient saboté les gazoducs russes. L’article de Hersh indique d’entrée de jeu que ce sont bien des plongeurs de la Navy qui ont accompli le gros du travail, et que c’est ensuite le président américain qui pour ainsi dire a pressé sur le bouton, au moment choisi par lui. Les Norvégiens ont certes aidé, il leur est même arrivé de donner des conseils, mais ils n’ont à aucun moment pris
l’initiative.

 

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