Le gouvernement a décidé d’alléger davantage le confinement et de le réduire à seulement neuf wilayas. Une décision justifiée par la situation épidémiologique plutôt maîtrisée. Dans de nombreux domaines, la vie a plutôt repris son cours normal. Mis à part le métro d’Alger qui demeure bizarrement fermé, au grand désarroi de milliers
d’usagers. Ce moyen de transport, qui dessert des dizaines de quartiers et de communes de la capitale, est devenu une véritable exception, dans la mesure où tous les métros, à travers le monde, ont repris le service depuis plusieurs mois déjà, malgré le risque lié au Covid-19, beaucoup plus sérieux qu’en Algérie. A ce jour, les autorités publiques n’ont donné aucune explication quant aux causes objectives de cette suspension prolongée. Il y a quelques semaines, alors que les bilans des contaminations quotidiennes au coronavirus connaissaient un fléchissement, des responsables du métro d’Alger laissaient entendre une reprise imminente. Des essais ont été effectués et ne restait que le feu vert des autorités publiques pour que le métro rouvre ses portes. Hélas, toujours rien. Pourtant, tous les autres moyens de transport des voyageurs ont été autorisés, parfois dans l’anarchie la plus totale. «Il est incompréhensible que les bus, le tramway ou le train accueillent leurs clients, malgré toutes les difficultés pour y imposer les règles de prévention et de distanciation physique, alors que le métro demeure fermé» s’indigne un citoyen, affirmant, à juste titre, qu’«il est plus facile d’imposer les mesures anti-coronavirus dans le métro que dans les bus ou le tram». La fermeture du métro a aussi pour conséquence une plus forte affluence sur les autres moyens de transport, ce qui risque d’augmenter les contaminations au virus. Les personnes âgées, vulnérables et les femmes enceintes se trouvent ainsi dans l’obligation de recourir aux taxis de crainte d’infection. «Mes frais de transport ont explosé depuis la fermeture du métro», nous dira un retraité, disposant d’une carte d’abonnement. Le maintien de la fermeture du métro aura eu un impact négatif sur la bourse du citoyen, mais aussi sur le budget de l’entreprise. Pour rappel, la suspension des services du métro d’Alger remonte au 22 mars de l’année dernière et les pertes financières se comptent en milliards de dinars. Pour de nombreux usagers, cette interminable fermeture a complètement bouleversé leur vie. «J’ai dû me réorganiser avec mon mari afin d’arriver à temps pour récupérer mes enfants à leur sortie d’école», raconte une mère de famille, qui n’arrive plus à concilier travail et obligations familiales depuis la fermeture du métro. «J’ai pris un appartement en location du côté de Bachdjerrah, à un prix plutôt élevé, mais avec mon abonnement métro j’arrivais à équilibrer mes dépenses. Avec cette suspension, je me retrouve perdant sur toute la ligne avec, en plus, l’exiguïté des bus et la cherté des taxis», s’est plaint un employé d’une entreprise privée située au centre d’Alger. En attendant sa réouverture, la suspension du métro suscite amertume et incompréhension parmi des milliers de citoyens pénalisés.
Aomar Fekrache