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samedi 20 avril 2024

Séparatisme

Les proches d’Emmanuel Macron annonçaient depuis plusieurs années un discours à venir sur la laïcité qui allait faire date dans l’histoire de France. Finalement, si son discours du Bourget a été salué même par certains de ses opposants, il n’a pas abouti à la loi décisive qui était annoncée. En effet, via un ultime vote de l’Assemblée nationale, le Parlement a adopté définitivement ce vendredi le projet de loi controversé contre le séparatisme et sa batterie de mesures sur la neutralité du service public, la lutte contre la haine en ligne ou encore l’encadrement de l’instruction en famille. Après sept mois d’allers et retours entre Palais-Bourbon et Sénat, le texte, intitulé «Respect des principes de la République», présenté comme un remède à «l’OPA islamiste», a été validé par les députés par 49 voix pour, 19 contre et 5 abstentions. Portée par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, la loi adoptée contient une batterie de mesures sur la neutralité du service public, la lutte contre la haine en ligne, la protection des fonctionnaires et des enseignants, l’encadrement de l’instruction en famille, le contrôle renforcé des associations, une meilleure transparence des cultes et de leur financement, ou encore la lutte contre les certificats de virginité, la polygamie ou les mariages forcés. Les députés LFI, communistes, socialistes et Les Républicains (LR) ont voté contre, pour des raisons différentes. Les députés du Parti socialiste, notamment, y voient un «rendez-vous manqué avec la République» et une marque de «défiance à l’égard des associations», quand la droite le résume à «une addition de mesurettes sans ambition» pour «faire reculer les islamistes». Droite et gauche s’accordent, cependant, sur les risques pour la liberté d’association, qui motivent des recours respectifs auprès du Conseil constitutionnel. Seuls les trois groupes du bloc majoritaire, LRM et ses partenaires MoDem et Agir, se sont prononcés pour. Le Rassemblement National (RN) s’est abstenu, comme les élus du groupe Libertés et territoires et également deux «marcheuses» de l’aile gauche, Sonia Krimi et Sandrine Mörch. Cette adoption est intervenue après celle, jeudi, du projet de loi relatif à la prévention d’actes de terrorisme et au renseignement, qui prévoit la pérennisation dans le droit commun de dispositifs issus de l’état d’urgence expérimentés depuis 2017 via la loi «sécurité intérieure et lutte contre le terrorisme». Pour le gouvernement, les deux textes régaliens représentent une double lame face à la «menace». Des nouvelles «lois liberticides qui participent à l’emballement sécuritaire», dénoncent avec force les défenseurs des libertés publiques. Reste que la grande loi d’envergure qui était promise depuis le début du mandat d’Emmanuel Macron fait aujourd’hui l’effet d’un pétard mouillé et seuls les membres du gouvernement et de la majorité parlementaire s’en félicitent vraiment, tant l’impact de cette loi semble limité.

F. M.

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