Mise en place à l’occasion des élections législatives de 2022 en France, la coalition de la Nupes a connu depuis une année de nombreux conflits internes qui font se demander aujourd’hui combien de temps cette alliance pourra encore durer. Une alliance dirigée par La France Insoumise, forte du score de son candidat à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, qui avait manqué le second tour de très peu. Ce dernier a toutefois jugé dimanche que des listes séparées aux européennes, choix privilégié de certains dirigeants de gauche, feraient courir le risque d’une fin de l’alliance Nupes, conclue il y a une année. «C’est possible», a répondu Jean-Luc Mélenchon, interrogé par 20 Minutes sur l’hypothèse d’une fin de l’alliance dans le cas où ses quatre membres (LFI, PS, EELV, PCF) présentaient chacun des listes aux européennes qui auront lieu du 6 au 9 juin 2024. «La Nupes est en péril si elle n’est même plus un accord électoral. S’il n’y a pas d’union aux européennes, il n’y en aura pas non plus aux municipales. Pourquoi y en aurait-il une à la présidentielle ?», a averti le leader de La France insoumise, estimant que «les petits intérêts de partis ont des limites», et rappelant que LFI avait proposé aux écologistes la tête de liste aux européennes. La direction des Verts, parti auquel ces élections réussissent traditionnellement bien, entend proposer une liste écologiste. Les socialistes appellent à un débat à l’automne. «Je défendrai la Nupes autant qu’il le faudra, mais les européennes sont un scrutin proportionnel à un tour, une des seules élections où on peut voter comme on veut», a encore déclaré mercredi dernier Marine Tondelier, patronne des Verts. «Oui, nous sommes différents sur l’Europe», a reconnu Jean-Luc Mélenchon, lui-même ancien eurodéputé. Mais il a appelé à se fonder sur le «programme partagé» signé dans le cadre des législatives. «Qui peut vouloir rater l’occasion d’arriver en tête et d’envoyer un signal enthousiasmant à toute l’Europe ? Les diviseurs seront sanctionnés dans les urnes», a-t-il prévenu. Derrière son argumentaire, les sondages qui ces dernières semaines placent une éventuelle liste unique Nupes au coude-à-coude, voire devant le Rassemblement National ou Renaissance aux européennes. Mais à gauche, les opposants à une liste unique ne manquent pas de souligner que les mêmes sondages prédisent que quatre listes de gauche séparées enverraient au final plus d’eurodéputés qu’une liste unique, même si aucune ne pourrait briguer la pole position. «Je suis d’accord pour une candidature commune en 2027», a toutefois répété Marine Tondelier cette semaine. Quant à savoir s’il excluait «totalement» de se présenter à la prochaine présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, trois fois candidat et qui a fini troisième en 2022, a répondu : «Personne ne peut dire ça. En toutes circonstances, je jouerai un rôle». Ce n’est pas la première fois qu’il laisse entendre qu’il pourrait laisser sa place à un possible successeur pour ensuite changer d’avis et se présenter lui-même au scrutin suprême. Ces proches et partisans continuent d’ailleurs, eux, de soutenir qu’une candidature de Mélenchon en 2027 pourrait être la meilleure chance de la gauche de retrouver les chemins de l’Élysée. Pour cela toutefois, l’ensemble de gauche devra se mobiliser derrière un candidat aux dépens des «petites» candidatures, accusées déjà il y a une année d’avoir causé l’échec de Mélenchon face à Emmanuel Macron et Marine Le Pen.