Faute d’une stratégie ficelée et bien réfléchie, des ministres sont encore au stade des vœux pieux pour la concrétisation d’objectifs à même de développer certains secteurs et les rendre rentables et opérationnels. La sécurité alimentaire du pays et le tourisme sont les deux créneaux desquels l’on attendait beaucoup depuis des années, mais sans que l’on n’atteigne encore les niveaux souhaités. Avant-hier, le ministre de la Pêche et des Productions halieutiques, Sid Ahmed Ferroukhi, a affirmé la nécessité de focaliser les efforts sur l’innovation pour réaliser la sécurité alimentaire dans le pays. S’exprimant dans une allocution à la clôture d’un atelier virtuel sur la sécurité alimentaire et l’alimentation en Algérie organisé par la FAO, Ferroukhi a indiqué que «l’innovation se veut aujourd’hui un moteur essentiel pour la concrétisation de toute stratégie visant à réaliser la sécurité alimentaire» à travers «l’introduction de changements des méthodes et techniques utilisées dans les domaines de l’agriculture et de la pêche». Le ministre a ajouté que «l’orientation vers la sécurité alimentaire requiert l’implication des experts dans le cadre d’une approche plurisectorielle». Selon lui, il est nécessaire de lancer un débat sur le modèle actuel de sécurité alimentaire à long terme (10 à 15 ans) pour parvenir à un modèle à même de garantir l’alimentation «au moindre risque», ajoutant qu’«il n’existe pas de sécurité alimentaire absolue». Au-delà des déclarations somme toute sensées du ministre, faut-il toutefois rappeler que les secteurs de la Pêche et de l’Agriculture continuent à souffrir de problèmes chroniques, qui les empêchent de prendre de l’essor. Pis encore, des crises périodiques, pénuries et spéculation, rappellent la fragilité de l’organisation actuelle des circuits de distribution, de stockage et de commercialisation dont l’impact est plus ressenti par les petites bourses. L’autre secteur qui mérite d’être épinglé est bien celui du Tourisme. Le ministre de tutelle, Mohamed Ali Boughazi, a appelé, avant-hier, les investisseurs à contribuer à la réalisation de projets de haut standing, afin de combler le manque criant
d’hébergement au niveau national.
Dans une déclaration à la presse, à l’issue de sa réponse aux questions orales posées par les membres du Conseil de la nation en séance plénière, le ministre a dit avoir tenu une réunion les 22 et 23 mars derniers avec quatre organisations patronales afin de définir une méthodologie d’action commune, pour faciliter l’opération de garantie du foncier afin de réaliser des projets touristiques. Tout en rappelant que le secteur avait été fortement impacté par la pandémie de coronavirus qui a conduit à la suspension des vols et à l’arrêt des activités touristiques, il dira que son département ministériel «a installé un comité qui s’emploie actuellement à mettre en place une stratégie pour une reprise sérieuse des activités touristiques pour la période post-coronavirus, compte tenu des énormes possibilités et capacités que recèle le pays dans ce domaine». Mohamed Ali Boughazi n’a cependant pas donné de plus amples détails sur ladite stratégie, les objectifs précis et chiffrés recherchés, ainsi que l’échéance arrêtée pour ce faire.
Aomar Fekrache