Un vent de folie traverse ces derniers jours les halles et marchés aux poissons, avec des hausses des tarifs jamais égalées qui ont rendu cette denrée désormais inaccessible pour les consommateurs algériens, sauf à regarder les étalages de loin.
Par Meriem Benchaouia
Les prix sont devenus astronomiques, synonyme de surenchère par excellence, où la sardine, considérée comme le poisson abordable pour les bourses modestes, plafonne irraisonnablement entre 1 200 et 1 400 DA le kilo. Pour les autres espèces qui flambent depuis une longue période dans un marché sous-approvisionné, les prix observent la même hausse en flèche avec des moyennes décourageantes qui vont de 1 400 à 2 700 DA le kg, alors que les crevettes battent tous les records pour atteindre les 3 000 DA le kg. De leur côté, les poissonniers attribuent cette hausse à plusieurs facteurs dont les conditions météorologiques défavorables. Ils affirment que cette flambée des prix ne peut s’expliquer que par «les récentes intempéries qui ont empêché les professionnels de la pêche à s’aventurer en haute mer». «C’est à cause du mauvais temps que nous ne parvenons plus à pêcher suffisamment de sardines. Il a fortement venté ces derniers jours. La mer était agitée et les conditions climatiques rendaient difficiles, pour ne pas dire impossibles, toutes les manœuvres de pêche», dira un vendeur. Alors que d’autres l’expliquent par la loi de l’offre et de la demande. Selon eux, «lorsque l’offre est en-deçà de la demande, les prix s’enflamment irrémédiablement». En effet, les coûts des poissons blancs et bleus ont atteint des seuils vertigineux, au point où le citoyen ordinaire a tout bonnement éliminé de sa «table» les plats à base de ces produits de mer. Pour s’en convaincre, il suffit de faire un tour à la poissonnerie du marché Clauzel, où le prix du rouget, du merlan et de la dorade a atteint des prix oscillant entre 1 600 et 2 200 DA/kg. Une situation qui affecte le panier de la ménagère, comme l’explique cette dame que nous avons rencontrée : «Il y a du poisson au marché, mais c’est très cher». «Avant, il y en avait pour tous les goûts et toutes les bourses, contrairement à ces dernières années où les prix de la sardine ont pris un envol en flèche», se désole Ahmed, vendeur de poisson. Des vendeurs qui avaient l’habitude d’exposer leurs produits à des prix concurrentiels ont estimé que cette situation les dépassait et que les citoyens boudaient le poisson en raison de la hausse des prix qui vont au-delà de leur pouvoir d’achat. Des clients rencontrés sur place se sont dits surpris de la flambée des prix dans ce marché connu pour être le meilleur en raison de ses prix concurrentiels. «A ce prix, la sardine n’est plus pour les familles à faible revenu», a confié une mère de famille habituée à faire ses achats dans ce marché. Au marché Ferhat-Boussaad, ex-Meissonier, la crevette est proposée à 2 700 DA alors que la sardine est vendue à 1 000 DA/kg pour la qualité moyenne, et à 1 200 DA pour la qualité supérieure. Les prix exposés sont proches des prix de la pêcherie d’Alger, justifiés, selon les commerçants, par la qualité des poissons frais.
M. B.