La France Insoumise qui est depuis plusieurs années à la pointe de la lutte contre les violences faites aux femmes est aujourd’hui dans une position délicate, traitée d’hypocrite par ses opposants et plusieurs de ses partenaires à cause de sa gestion de l’affaire Quatennens. Le parti d’extrême-gauche qui a milité pendant des semaines au début de l’été dernier pour réclamer à cor et à cri la démission de Damien Abad, ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, accusé de viol par quatre femmes. Malgré la présomption d’innocence, le ministre avait alors été sommé de quitter ses fonctions car les Insoumis affirmaient à l’époque que la parole des femmes était sacrée et qu’un homme soupçonné de la moindre atteinte à leur intégrité ne pouvait occuper des fonctions officielles. Pourtant, Adrien Quatennens, accusé et condamné par la justice pour violence conjugale, est aujourd’hui soutenu par une large majorité de ses collègues de LFI. Condamné à quatre mois de prison avec sursis pour violences conjugales envers sa future-ex-épouse, le député LFI du Nord a repris la parole dans un entretien à «La Voix du Nord», publié mardi soir. «L’enquête a conclu ce que j’avais reconnu : une gifle donnée dans un contexte de dispute, il y a plus d’un an et jamais reproduite, et l’envoi de trop nombreux SMS amoureux suite à une annonce de divorce incomprise», affirme-t-il. Remonté, l’Insoumis assure avoir «enduré en silence un lynchage médiatique inédit de la part des gens qui n’étaient pas derrière les portes closes d’une histoire de couple et qui ne connaissent rien au dossier». «J’ai simplement découvert à 32 ans qu’en France, quand on pose un genou à terre, qu’on reconnaît une faute et qu’on accepte sa sanction, l’acharnement ne cesse pas : il redouble jusque dans son propre camp. De la même manière, je trouve inquiétant que les plus sévères à mon égard soient les mêmes qui protègent sans condition des hommes politiques qui nient des faits tellement plus graves que ceux qui m’ont été reprochés. Le message envoyé a le mérite de la clarté : niez !», fustige-t-il. Après la condamnation de justice, son groupe a néanmoins acté «une radiation» de quatre mois du député. «La sanction contre moi est déjà lourde et sans précédent : j’étais coordinateur et donc numéro 2 de La France Insoumise. Je ne le suis plus. J’étais son principal porte-parole. Je ne le suis plus. J’ai été malade puis en retrait de mon activité parlementaire pendant plus de trois mois d’un lynchage médiatique incessant. J’ai reconnu une faute et j’ai été sanctionné par la justice pour celle-ci. N’est-ce pas suffisant ?», interroge-t-il. En ajoutant : «J’ai payé bien assez cher sur tous les plans. Je ne céderai pas». L’Insoumis estime, par ailleurs, que ce «lynchage est évidemment politique». «L’occasion était trop belle pour abattre le principal porte-parole et coordinateur de LFI. Plusieurs sources concordantes me disent que cela a été directement orchestré depuis le ministère de l’Intérieur. Je ne suis pas en mesure de l’affirmer moi-même aujourd’hui. Ce qu’il y a de certain en revanche, c’est que c’est rapide, efficace et très sélectif», sous-entend-il. Une affirmation complotiste qui ne change rien au fait que le député a bel et bien frappé sa femme et qu’au sein même de la Nupes plusieurs députés auront du mal à accepter que Quatennens refuse de démissionner. Les principales associations féministes qui soutiennent La France Insoumise n’acceptent elles aussi pas de voir le député du Nord continuer à siéger à l’Assemblée malgré ses violences. Reste à voir comment les Insoumis pourront sérieusement parler de violences faites aux femmes dans l’hémicycle, sans être constamment critiqués et moqués par leurs adversaires. L’obstination de Quatennens et de LFI ne feront ainsi que diminuer la crédibilité de la Nupes au sein de l’Assemblée Nationale et affaiblir toutes les lois qu’ils pourront présenter à l’avenir.