En 2013, le président américain Barack Obama humiliait publiquement et aux yeux du monde entier le président français, François Hollande, en revenant sur sa promesse de soutenir la France dans une opération militaire visant à «punir» Bachar el-Assad, alors accusé d’avoir utilisé des gaz toxiques contre sa propre population. Hollande s’était alors retrouvé bien seul après les défections des Britanniques et des Américains, laissant apparaître l’incapacité des Français à mener, seuls, une opération militaire d’envergure. Le président français qui trépignait face aux dirigeants syrien et russe, avait fini par devoir manger son chapeau. Or, aujourd’hui, Joe Biden vient de refaire le même coup à Emmanuel Macron dans le dossier ukrainien. En effet, le jeune président français qui montrait les dents il y a encore quarante-huit heures et assurait qu’«en cas d’agression, la riposte sera là», certain d’être épaulé par les Américains qui ces dernières semaines se sont montrés particulièrement fermes face au Kremlin vis-à-vis de la situation en Ukraine, doit faire face au net recul de Joe Biden. Ce dernier a en effet assuré que, malgré le contexte de tension aux marges de l’Europe, il ne comptait pas envoyer de forces américaines en Ukraine ni d’y déployer celles de l’Otan. Cette déclaration est une véritable claque de l’Américain au Français qui, on le sait, est incapable d’enclencher une guerre avec la Russie. Quant à l’Allemagne, d’où Macron a fait sa déclaration belliqueuse, si elle se range du côté de la France et des autres pays occidentaux contre la Russie dans le dossier ukrainien, il n’est pas certain qu’elle soit le meilleur allié de Paris. L’Allemagne, qui a fermé toutes ses centrales nucléaires ces dernières années, dépend lourdement de la Russie pour son approvisionnement en gaz et n’est donc pas forcément encline à se mettre Moscou à dos. Les Européens dans leur ensemble, d’ailleurs, craignent, en cas d’escalade, d’être privés en plein hiver du gaz russe, qui couvre plus de 40 % de leurs besoins. Reste à voir comment la France continuera à traiter le dossier de l’Ukraine, maintenant que les Américains lui ont signifié qu’elle ne pourrait pas compter sur eux militairement et alors que la Russie subit déjà une multitude de sanctions infligées par l’UE. Peut-être que les Européens décideront aussi, dans la mesure de leurs moyens, de menacer Vladimir Poutine en personne, à l’instar du président américain qui a affirmé que le président russe en personne pourrait être visé. Quant aux éventuelles sanctions contre Vladimir Poutine lui-même, Joe Biden n’a pas précisé leur nature. Lorsque Washington sanctionne des personnalités étrangères, cela passe, le plus souvent, par un gel de leurs avoirs et une interdiction de transaction avec les États-Unis.