Selon le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du Climat (Giec), « les changements climatiques s’accentueront dans toutes les régions au cours des prochaines décennies et dans le cas d’un réchauffement planétaire de 1,5°C les vagues de chaleur seront plus nombreuses, les saisons chaudes plus longues et les saisons froides plus courtes ».
Par Thinhinene Khouchi
Le rapport réalisé par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, intitulé «Changements climatiques 2021 : les bases scientifiques», constate que «nombre des changements relevés sont sans précédent depuis des milliers, voire des centaines de milliers d’années, et certains phénomènes déjà en cours, comme l’élévation continue du niveau de la mer, sont irréversibles sur des centaines ou des milliers d’années». Le document a, toutefois, noté que «des réductions fortes et soutenues des émissions de dioxyde de carbone (CO2) et d’autres gaz à effet de serre limiteraient le changement climatique», alors que la qualité de l’air en bénéficierait rapidement et la stabilisation des températures mondiales pourrait prendre 20 à 30 ans. Le rapport fournit, par ailleurs, de nouvelles estimations de la possibilité que le réchauffement planétaire excède 1,5 degré Celsius (°C) au cours des prochaines décennies et fait valoir qu’à moins de réductions immédiates, rapides et massives des émissions de gaz à effet de serre, la limitation du réchauffement aux alentours de 1,5 ou même à 2 °C sera «hors de portée». Il a, ainsi, expliqué que les émissions de gaz à effet de serre dues aux activités humaines ont élevé les températures d’environ 1,1 °C depuis la période 1850-1900 et conclut que la température mondiale, en moyenne sur les 20 prochaines années, devrait atteindre ou franchir le seuil de 1,5 °C. Selon le rapport, les changements climatiques s’accentueront dans toutes les régions au cours des prochaines décennies. Dans le cas d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C, les vagues de chaleur seront plus nombreuses, les saisons chaudes plus longues et les saisons froides plus courtes, tandis qu’avec une hausse de 2 °C, les chaleurs extrêmes atteindraient plus souvent des seuils de tolérance critiques pour l’agriculture et la santé publique. Notons que le Giec a dévoilé lundi le premier volet de son sixième rapport qui a été approuvé vendredi dernier par 195 gouvernements membres du Giec, à l’issue d’une session d’approbation virtuelle de deux semaines, amorcée le 26 juillet 202, a précisé la même source. Réagissant à ce rapport, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a assuré que «le monde ne peut plus retarder les mesures ambitieuses en matière climatique», ajoutant que «ce moment nécessite que les dirigeants mondiaux, le secteur privé et les individus agissent ensemble avec urgence et fassent tout ce qui est nécessaire pour protéger notre planète et notre avenir au cours de cette décennie et au-delà». De son côté, le gouvernement allemand a indiqué que «le temps presse pour sauver la planète face à la menace du réchauffement climatique». «Le rapport du Giec présenté aujourd’hui nous rappelle une fois de plus que le temps presse pour sauver la planète telle que nous la connaissons», a affirmé la ministre de l’Environnement, Svenja Schulze, citée dans un communiqué. «Ils nous appartient à tous de faire des années 2020 une décennie dédiée à la protection du climat», a-t-elle ajouté, appelant à maintenir le réchauffement climatique à 1,5 °C, l’objectif de l’accord de Paris, signé en 2015. La ministre a concédé que «nous ne pourrons pas éviter de nombreux impacts du changement climatique», alors que le rapport pointe déjà du doigt des conséquences irréversibles du phénomène, mais «nous ne pouvons que nous y préparer et nous y adapter au mieux, en tant que communauté internationale». Par ailleurs, suite à la publication de ce rapport, le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, a témoigné de «l’extrême urgence d’agir maintenant», estimant qu’«il n’est pas trop tard pour endiguer la tendance et empêcher un dérèglement incontrôlable du changement climatique, à condition d’agir résolument maintenant et tous ensemble». Pour le Royaume-Uni, «ce rapport des experts constitue un avertissement sévère sur l’impact de l’activité humaine sur la planète et un appel à l’action», affirmant que «les humains sont indiscutablement responsables des dérèglements climatiques et n’ont d’autre choix que de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, s’ils veulent en limiter les dégâts».
T. K.