Si les relations de la Russie avec l’Occident ont commencé à se détériorer peu de temps après que le Kremlin ait refusé de participer et de cautionner l’intervention américaine en Irak en 2003, c’est bien l’année dernière lorsque l’armée russe a envahi l’Ukraine que la guerre froide entre les Russes et les Occidentaux a fait son retour officiel. La Russie a ainsi adopté vendredi une nouvelle stratégie de politique étrangère, désignant les États-Unis et l’Occident comme l’origine de «menaces existentielles» pour Moscou, sur fond de crise diplomatique liée au conflit en Ukraine. Des «bouleversements sur la scène internationale» obligent la Russie à «adapter ses documents de planification stratégique, notamment celui sur la conception de la politique étrangère de la Fédération de Russie», a justifié le président Vladimir Poutine lors d’une réunion de son Conseil de sécurité nationale. Le pays se fixe comme «priorité» d’éliminer la «domination» des Occidentaux tout en se décrivant comme une «civilisation» défenseure des russophones. «La Russie entend accorder une attention prioritaire à l’élimination des vestiges de la domination des États-Unis et d’autres États hostiles dans les affaires mondiales», peut-on lire dans ce document publié sur le site du Kremlin. La Chine et l’Inde sont désignées comme partenaires clés de la Russie. «L’approfondissement global des liens et de la coordination avec les centres mondiaux de pouvoir et de développement souverains amis situés sur le continent eurasien revêt une importance particulière», peut-on lire dans ce document publié sur le site du Kremlin, au chapitre consacré à la Chine et à l’Inde. Selon son chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, le nouveau document relève «la nature existentielle des menaces (…) créées par les actions des pays inamicaux», qualifiant les États-Unis d’«instigateur principal et chef d’orchestre de la ligne anti-russe». «De façon générale, la politique de l’Occident visant à affaiblir la Russie par tous les moyens est caractérisée comme une guerre hybride d’un nouveau genre», a ajouté Sergueï Lavrov. La nouvelle stratégie de politique étrangère russe repose sur le principe que «les mesures anti-russes prises par les pays inamicaux seront constamment combattues, avec sévérité si nécessaire», a-t-il ajouté. L’adoption de cette nouvelle stratégie de politique étrangère entérine la profonde rupture qui existe désormais entre Moscou et les pays occidentaux. Et si Washington avait annoncé l’année dernière que les États-Unis ne se lanceraient pas dans une nouvelle équipée militaire pour défendre l’Ukraine contre la Russie, la formation d’un nouvel axe puissant réunissant Pékin, Moscou et New Delhi a de quoi inquiéter la Maison-Blanche, surtout que l’administration Biden ne cesse de provoquer la Chine et que Vladimir Poutine fait montre d’une fermeté implacable.