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vendredi 29 mars 2024

Roman de Meriem Guemache, Casbah éditions: Zelda, style vivant et sentiments tumultueux

Telle une corolle en dentelles finement brodée, «Zelda», roman récemment paru chez Casbah éditions, est une histoire offerte par Meriem Guemache pour distraire le lecteur, notamment la lectrice, mais pas seulement distraire.

Par Nadjib Stambouli

L’histoire, le style de narration, le rythme du roman, tout donne à se laisser guider par l’histoire d’amours (avec «s»…) du personnage principal, tout en réfléchissant sur le sens à donner au sentiment le plus noble, ainsi qualifié, pas toujours à raison, tel qu’on le verra dans ce livre. Le récit retrace la vie de Zelda, une vie relativement calme mais affectivement tumultueuse. Un trajet d’existence plutôt sans aspérité, avec une profession, celle de journaliste qui se consacre avec passion et dévouement à ses reportages, sans heurt notable dans ce métier qui lui procure en retour l’écho de l’amour du métier, sans plus, mais pas moins. La quadragénaire divorcée se retrouve face à un faisceau d’attractions, qui sont autant de risques, tentations auxquelles elle se refuse à succomber. L’abandon de soi aux délices de la routine et au découragement guettent et reviennent à la charge sous la pression impitoyable d’une société qui ne pardonne rien à une femme seule avec son fils, mais ne font pas plier Zelda. À la quiétude de la défaite elle préfère l’ardeur vivifiante du combat pour la victoire sentimentale qu’elle ne désespérera jamais d’accrocher à son palmarès des bonheurs. Consciente que la vie est faite de coïncidences et de hasards, Zelda ne se suffira pas de les attendre, mais ficèlera des convergences qui la mèneront d’abord en Sicile, ensuite vers
l’amour, l’heureux élu étant Lorenzo. Auparavant et ensuite au fil du récit, Zelda fera parcourir le lecteur dans un incessant dédale de paysages et de personnages, ici Alger, Tipasa, Tamanrasset ou Palerme, là Aurélie Picard ou Dassine, avec en toile de fond l’interrogation sur les relations dites «mixtes» et les connexions culturelles qui vont avec. L’histoire maintient en haleine le lecteur par des rebondissements, entre bonheurs et chagrins, parsemés de surprises, notamment sur le personnage de Lorenzo, coups de théâtre en série sans lesquels ce roman palpitant ne serait qu’une fade romance à l’eau de rose.
L’originalité de l’écriture de Meriem Guemache, dame de radio connue et qui n’en est pas à sa première œuvre écrite, réside dans deux aspects. D’un côté, la fiction est cassée par des faits et personnalités réels, puisqu’on retrouve au détour des lignes des évènements comme le hirak ou encore des références à des stars comme George Clooney. L’autre aspect est le style moderne, «branché» même, avec des mots et des expressions relativement nouveaux, qui rendent la lecture très agréable, même si les habitués de l’écriture classique pourraient ne pas apprécier. Dans le fonds, on retrouve dans cette œuvre un diagnostic fidèle des mœurs de la société algérienne, notamment la classe moyenne, cette couche de la petite bourgeoisie qui, pour une fois, s’assume pleinement avec ses habitudes et son mode vie. Enfin, notons que la belle couverture de Zelda est signée du talentueux artiste Arslane Lerari, connu en qualité de comédien, mais aussi comme peintre, puisqu’il a été longtemps professeur à l’Ecole des beaux-arts d’Alger.
N. S.

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