Il y a quelques mois encore, peu avant le début de la guerre en Ukraine, un possible retour des États-Unis dans l’Accord sur le nucléaire iranien était envisagé sérieusement par les autres pays signataires. Mais depuis le début du conflit en Europe de l’Est la situation a changé et l’Iran a repris sa dialectique offensive contre l’Occident. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a même promis vendredi une riposte «immédiate» à toute action «politique» des Occidentaux lors de la réunion de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) prévue en début de semaine prochaine. «Toute action politique des États-Unis et des trois pays européens au sein de l’AIEA provoquerait sans aucun doute une réponse proportionnée, efficace et immédiate de la part de la République islamique d’Iran», a déclaré Hossein Amir-Abdollahian, lors d’une conversation téléphonique avec son homologue européen, Josep Borrell, selon un communiqué officiel. L’AIEA avait dénoncé dans un récent rapport l’absence de «réponses satisfaisantes» de Téhéran concernant la présence de matière nucléaire sur trois sites non déclarés dans le pays. Ce dossier, cause d’inquiétude depuis plusieurs mois pour la communauté internationale, vient se greffer à l’impasse des négociations lancées il y a plus d’un an pour tenter de sauver l’accord censé empêcher la République islamique de fabriquer la bombe atomique, un objectif nié par Téhéran. Le ministre iranien a qualifié la décision des États-Unis et de trois pays européens d’«acte contraire à la pratique diplomatique, hâtif et non constructif», qui «rendra le processus de négociation plus difficile et compliqué», selon le texte, sans plus de précision. Hossein Amir-Abdolahian a en outre jugé le déplacement en Israël du directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, comme «contraire au principe de neutralité» de l’organisation onusienne. Arrivé jeudi soir en Israël pour une visite éclair, Rafael Grossi s’est entretenu vendredi matin avec le Premier ministre israélien, Naftali Bennett, avant de repartir immédiatement pour Vienne. Le dirigent israélien a averti que son pays «se réservait le droit à l’autodéfense et à l’action contre l’Iran, afin de bloquer son programme nucléaire», selon un communiqué de ses services, publié à l’issue de la rencontre. Les relations de l’Occident avec l’Iran ne cessent ainsi de se dégrader malgré les promesses faites par Joe Biden durant sa campagne électorale. Il promettait, en effet, de rompre avec la politique d’hostilité initiée par Donald Trump et de renouer avec celle de Barack Obama qui avait réussi, après des années d’efforts et de négociations tous azimuts, à mettre en place l’Accord sur le nucléaire signé à Vienne en 2015. Reste à voir si Biden fera un effort pour remettre la coopération avec Téhéran sur les rails ou s’il laissera les relations avec la République islamique continuer à s’envenimer jusqu’à un point de non-retour.