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mardi 6 juin 2023

Riposte

Si durant des décennies Washington a adopté une attitude d’apaisement vis-à-vis de Pékin, préférant ménager ses relations avec la Chine, première puissance économique du monde et premier créditeur des États-Unis, allant même jusqu’à ignorer le Dalai Lama pour éviter de froisser le régime communiste, depuis quelques années la Maison-Blanche a radicalement changé de stratégie. Cela est d’autant plus flagrant avec l’administration Biden qui a fait de Taiwan et de son régime dissident l’un de ses plus proches alliés. La visite de la présidente taiwanaise aux États-Unis fait d’ailleurs dangereusement grimper la tension cette semaine entre Pékin et Washington. La Chine a en effet promis hier de «riposter» si Tsai Ing-wen rencontrait le président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy. Pékin a prévenu qu’il était «résolument opposé» à une telle rencontre, promettant de prendre des «mesures fermes pour riposter» si elle avait lieu. «Si Mme Tsai engage le dialogue avec le président de la Chambre des représentants des États-Unis, M. McCarthy, cela sera considéré comme une nouvelle provocation qui violera sérieusement le principe d’une seule Chine, portera atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Chine, et compromettra la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan», a déclaré Zhu Fenglian, porte-parole du bureau des affaires taïwanaises de Pékin. Les États-Unis avaient mis Pékin en garde plus tôt dans la matinée contre toute «réaction excessive» à la venue aux États-Unis de Tsai Ing-wen, qui doit s’arrêter à New York lors d’un trajet vers l’Amérique centrale, et à Los Angeles au retour. «Il n’y a absolument aucune raison pour la Chine de s’en servir comme prétexte pour réagir de manière excessive ou exercer encore plus de pression sur Taïwan», a déclaré à des journalistes un haut responsable américain sous couvert d’anonymat. «La pression extérieure n’entravera pas notre détermination à être actifs sur la scène internationale», a déclaré Tsai aux journalistes avant son départ de Taïwan. «Nous sommes calmes et confiants. Nous ne céderons pas et nous ne provoquerons pas (les autres)». Le Honduras a établi dimanche des relations diplomatiques avec la Chine. Le Belize et le Guatemala comptent ainsi parmi les 13 derniers pays à reconnaître officiellement Taïwan au détriment de Pékin. En août 2022, la visite sur l’île auto-administrée de Nancy Pelosi, à l’époque présidente de la Chambre américaine des représentants, avait fait enrager Pékin, qui avait déclenché en représailles des manœuvres militaires de grande ampleur autour de Taïwan. Washington considère que ces escales américaines de la présidente taïwanaise ne violent en rien la politique d’une seule Chine des États-Unis et qu’il ne s’agit que de «transits», même si cette responsable rencontre des personnes sur place. «Il s’agit d’une visite privée et non officielle, qui respecte une pratique de longue date», a insisté le responsable américain. Reste que malgré les dénégations, cette visite en période de haute tension entre les deux puissances ne fait qu’attiser l’ire chinoise. La question est de savoir pourquoi Washington et la Maison-Blanche jugent opportun de piquer au vif le régime communiste, prenant le risque d’une nouvelle guerre froide, et s’ils ne sont pas prudents, même d’une guerre militaire qui pourrait avoir des répercussions terribles sur l’ensemble de la planète.

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