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vendredi 19 avril 2024

Révolution /Commémoration: La grande bataille de Souk Ahras est comparable à celles de la Seconde Guerre mondiale

La grande bataille de Souk Ahras (26 avril 1958), l’une des plus violentes de la révolution de Libération nationale, est comparable à celles de la Seconde Guerre mondiale par sa durée d’une semaine et le nombre de soldats et d’armement déployés par l’armée de l’occupation française, relève un chercheur en histoire.
Selon le chercheur Djamel Ouarti de l’Université Mohamed- Cherif-Messaâdia, l’armée française a enrôlé dans la bataille de Souk Ahras un nombre de soldats semblable à celui mobilisé lors des grandes batailles de la Seconde Guerre mondiale. La grande bataille de Souk Ahras a vu la participation des troupes françaises les plus violentes et féroces, mais aussi les plus aguerries et expérimentées de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre d’Indochine.
Durant cette bataille, dont le 63e anniversaire sera célébré aujourd’hui, les régiments 26, 151 et 152 de l’infanterie mécanique, les régiments 9 et 12 des parachutistes, les régiments 8 et 28 de l’artillerie à longue portée ainsi que la Légion étrangère ont été mobilisés, rappelle M. Ouarti, faisant état d’accrochages ayant duré une semaine entière,
s’étendant du Mont Béni Salah à l’Est jusqu’aux frontières de la wilaya de Guelma.
S’agissant des forces de l’Armée de libération nationale (ALN), l’universitaire a indiqué qu’elles étaient composées du 4e bataillon et des katibas qui acheminaient les armes vers les wilayas de l’intérieur.
Il s’agit de la katiba de la région de Taher, placée sous le commandement de Youcef Bouadjili, qui comptait 135 moudjahidine, la katiba de Mila dirigée par Abdallah Bacha, à la tête de 135 moudjahid également, la katiba de la région de Skikda composée de 125 moudjahidine sous le commandement de Mohamed Yassaâd, ainsi qu’une katiba de la Wilaya III historique, précise le chercheur en histoire, ajoutant qu’elles étaient toutes solidement armées.
Selon des documents obtenus par M. Ouarti du défunt moudjahid Mohamed Yassaâd, les armes et les munitions qui étaient acheminées vers la région de Skikda à partir de la frontière algéro-tunisienne, comptaient 6 fusils mitrailleurs (FM) 30, 90 fusils Mauser, 49 mortiers ainsi que 6 000 balles de calibre 9 mm, 3 500 balles de 7 mm, 6 800 balles INC 303 et 46 grenades à main.
Durant cette bataille, 639 chouhada de diverses régions d’Algérie sont tombés au champ d’honneur, selon le chercheur Ouarti qui a fait état d’«énormes pertes» subies par l’armée française du fait que les éléments de l’ALN ont su tirer profit de la topographie du lieu de la bataille en engageant un combat au corps à corps qui a neutralisé les tentatives de l’aviation française.
Il a souligné que durant la grande bataille de Souk Ahras, du côté français, le capitaine Serge Beaumont, du corps des parachutistes, a été tué à Djebel Lemouadjen, dans la région Dekma, actuelle commune de Henancha.

Le siège militaire franchi par la route Souk Ahras-Sédrata via Tiffech
En dépit du siège imposé par l’armée française qui a bloqué toutes les issues, notamment la route 7 entre Souk Ahras et Sédrata en passant par Tiffech, les forces de l’ALN sont parvenues à briser l’étau, affirme M. Ouarti, soutenant qu’après une semaine, la bataille a atteint les limites de la région de Guelma.
Selon des informations en sa possession, le chercheur affirme que le journal français «La Dépêche de Constantine» avait relaté «les terribles batailles engagées dans la localité de Kef Laâkess», aux frontières des communes de Henancha (Souk Ahras) et Hammam N’baïl (Guelma).
Faisant partie de la katiba qui a réussi à franchir l’étau et acheminer les armes vers la Wilaya III historique (Grande Kabylie), le sous-lieutenant Aït Mehdi Si Mokrane a été reçu, ainsi que des rescapés de la bataille, par le colonel Amirouche dans la région de Bounaâmane. Aucun moudjahid ne s’était rendu à l’ennemi durant cette héroïque bataille, au cours de laquelle le siège imposé par les soldats français a pu être franchi, relève l’historien.
Dans son numéro 16 230 du 30 avril 1958, «La Dépêche de Constantine» avait fait état du franchissement de la ligne électrifiée Morice par un groupe de moudjahidine (fellagas) venus de Ghardimaou (Tunisie) après avoir suivi des entraînements militaires, ce qui a incité la France coloniale à mobiliser d’importantes forces pour intercepter les moudjahidine.
Cela n’a pas empêché les combattants algériens de s’introduire sur le territoire national, selon le journal français qui avait également rapporté que «le combat avait été plus offensif au soir du 29 avril 1958, donnant lieu à des accrochages à l’arme blanche».
M. Ouarti estime, à ce titre, que la Révolution libératrice a concrétisé, à travers la grande bataille de Souk Ahras, une victoire militaire et politique en dépit du déséquilibre des forces en faveur de l’armée d’occupation française, assurant que la suite des évènements a montré qu’en dépit de l’intensification de la surveillance des frontières entre l’Algérie et la Tunisie, les opérations d’infiltration ont été perpétuées.
Pour lui, la grande bataille de Souk Ahras a constitué «une concrétisation de la cohésion du peuple algérien et de son unité autour d’un même objectif, celui de combattre l’occupant», invitant les jeunes à s’intéresser à l’histoire de la révolution de Libération et prendre ses batailles comme exemple d’abnégation et de détermination à suivre pour construire l’Algérie nouvelle.
De son côté, Athmane Menadi de l’Université de Souk Ahras a considéré que la grande bataille de Souk Ahras a consacré la dimension nationale de la révolution de Libération algérienne. Le sang de 639 chouhada de plusieurs régions du pays dont Jijel, Skikda, M’sila, Bordj Bou Arréridj et Sétif s’y est mêlé.
Lyes H.

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