La tuerie dans une école primaire dans la ville d’Uvalde dans l’État du Texas aux États-Unis s’est produite il y a aujourd’hui un mois, mais elle continue à influer sur certains représentants politiques qui refusent d’oublier cette énième fusillade qui a fait 21 victimes, dont 19 enfants. Des sénateurs américains des deux bords de la scène politique ont donc dévoilé cette semaine une proposition de loi visant à restreindre la violence par arme à feu après une série de carnages ses derniers mois dans le pays. Un texte qui reste toutefois très en deçà des mesures réclamées par le président Joe Biden mais constitue malgré tout une première depuis des décennies. Dans une Amérique profondément divisée, un accord au Congrès entre élus Démocrates et Républicains est en effet rare, d’autant plus sur ce sujet très clivant. Il s’agit de « la législation contre la violence par arme à feu la plus importante en presque 30 ans », a tweeté le sénateur Démocrate Chris Murphy. Ce texte de 80 pages « va sauver des milliers de vies », a-t-il ajouté. L’initiative parlementaire avait été lancée après le massacre d’Uvalde et celui de Buffalo dans l’Etat de New York, au cours duquel 10 personnes noires ont été tuées dans un supermarché mi-mai. Chuck Schumer, le chef des Démocrates au Sénat, a lui aussi qualifié le texte d’« avancée ». « Bien qu’il ne s’agisse pas de tout ce que nous voulions, cette législation est nécessaire de toute urgence », a-t-il dit dans un communiqué. Le Républicain John Cornyn, qui a travaillé avec Chris Murphy sur le projet, a affirmé que le texte visait à faire en sorte que les attaques comme celle d’Uvalde soient « moins susceptibles de se produire, tout en protégeant le deuxième amendement » de la Constitution, qui permet de détenir des armes à feu. Sans surprise, la NRA, le lobby des armes, a aussitôt exprimé son opposition au texte, jugeant au contraire qu’il pourrait être utilisé pour « restreindre les achats d’armes légales ». Le projet « laisse trop de latitude aux représentants de l’Etat et contient également des dispositions indéfinies et trop générales, invitant à une ingérence dans nos libertés constitutionnelles », a-t-elle dit dans un communiqué. Les mesures proposées restent très loin de ce que voulait le président Biden, comme l’interdiction des fusils d’assaut. Le texte met notamment en avant le soutien à des lois, Etat par Etat, qui permettraient de retirer des mains de personnes jugées dangereuses les armes qu’elles possèdent. Il entend aussi instaurer le renforcement de la vérification des antécédents judiciaires et psychologiques pour les acheteurs d’armes âgés de 18 à 21 ans ainsi qu’un meilleur contrôle de la vente illégale d’armes, et le financement de programmes dédiés à la santé mentale. Joe Biden avait publiquement affiché son soutien aux militants contre la violence par arme à feu en listant les mesures qu’il souhaite voir adoptées mais qui sont absentes de l’accord entre les sénateurs : interdiction des fusils d’assaut et des chargeurs à grande capacité, vérifications des antécédents pour l’ensemble des acheteurs d’armes, et pas uniquement les moins de 21 ans, obligation pour les particuliers de garder leurs armes sous clé. Toutefois, ces mesures restrictives, qu’elles soient mises en pratiques ou non, semblent dépassées au vu des avancées technologique qui permettent aujourd’hui aux particuliers d’imprimer grâce aux imprimantes 3D des armes à monter soit même et qui font les mêmes dégâts que les armes produites classiquement. D’ailleurs au Canada, ou les conditions de possession d’armes sont drastiques, les armes « imprimées » font des ravages dans les affrontements entre gangs. Reste à voir si le Congrès américains acceptera les mesures proposées, ne serait-ce que pour symboliquement rendre hommage aux victimes par armes à feu ou si le lobby des armes et ses milliards de dollars aura comme toujours le dernier mot.