Au moment où le ministère de l’Education nationale assure que «plus de 81 % des élèves du cycle primaire au niveau national bénéficient de la restauration», l’Association des parents d’élèves souligne que plusieurs établissements du primaire, à l’échelle nationale, servent encore des repas froids et non équilibrés.
Par Thinhinane Khouchi
«Sur les 5,4 millions d’enfants scolarisés, plus de 4 millions bénéficient d’un repas au sein des cantines scolaires», a indiqué l’inspecteur des cantines scolaires auprès du ministère, Brahim Boudjemline, lors d’une rencontre sur «l’importance des fruits et légumes dans les repas des élèves», tenue à l’occasion de la célébration de la Journée internationale des fruits et légumes (AIFL 2021) par la FAO. Réagissant à ce constat, Khaled Ahmed, président de l’Association des parents d’élèves, a indiqué que «pour confirmer ou nier ces chiffres, on doit faire une étude et une enquête qui nous prendra des semaines. Mais ce que je peux vous dire et confirmer, c’est que plusieurs parents dénoncent des repas froids servis au niveau des établissements où sont scolarisés leurs enfants». «Mais si vraiment 81 % des élèves du cycle primaire bénéficient de la restauration scolaire, pour plusieurs d’entre eux les repas sont froids et pas équilibrés». La raison demeure, selon lui, que les écoles en question sont ou dépourvues de cantines, ou manquent cruellement de personnel pour en assurer le service. Khaled Ahmed a également souligné, lors d’un appel téléphonique, le blocage de plusieurs cantines scolaires en raison des élections de renouvellement des Assemblées communales (APC) et de wilaya (APW), qui se sont déroulées le 27 novembre. Il explique, à ce propos, que «les responsables des APC se sont focalisés sur leurs campagnes et ont oublié de prendre en charge et approvisionner les cantines scolaires, vu que la gestion des cantines scolaires au niveau des établissements primaires fait partie des tâches des APC». Mettant en avant le rôle primordial de ces structures dans la croissance de l’enfant, le développement de ses capacités cognitives en plus de leur contribution dans la lutte contre la déperdition scolaire, le président de l’Association des parents d’élèves a appelé à l’amélioration des repas scolaires, le déblocage de celles qui n’ont pas ouvert leurs portes cette année et d’assurer la restauration dans tous les établissements scolaires. De son côté, l’inspecteur des cantines scolaires auprès du ministère a fait savoir que son département comptait ouvrir de nouvelles cantines scolaires. «Nous travaillons avec les autorités locales pour la mise en service de nouvelles cantines en vue d’atteindre un taux de couverture de 100 %», a-t-il assuré. Par ailleurs, les experts agronomes et les nutritionnistes présents à cette rencontre ont estimé que les cantines scolaires jouaient un rôle important dans le changement des mauvaises habitudes alimentaires en favorisant une nutrition saine et durable. Le fait de promouvoir des régimes alimentaires plus sains par le biais des écoles peut engendrer des bienfaits sur le plan de la santé et du bien-être, profitant notamment aux ménages et aux populations locales, ont-ils soutenu. Dans ce cadre, ils ont préconisé l’intégration des fruits et légumes dans les politiques alimentaires et nutritionnelles des écoles. Par ailleurs, la représentante de l’Institut technique de l’arboriculture fruitière et de la vigne (ITAV), Karima Taïbi, a estimé que l’introduction d’une alimentation saine était possible, d’autant que l’Algérie jouit d’une production fruitière variée, vu la diversification de ses écosystèmes (sol, climat, relief) et les traditions culinaires qui intègrent les fruits dans le menu algérien. Enfin, il est à noter que la révision de la gestion des cantines scolaires est au cœur des débats des députés de l’Assemblée populaire nationale, tenus fin octobre dernier. Le ministre de l’Intérieur avait alors affirmé que son secteur œuvrait en coordination avec le ministère des Finances «à augmenter la valeur financière du repas scolaire à 90 DA».
T. K.