Avant que la pandémie de Covid-19 ne se répande à travers le monde en mars 2020, les prémices d’une crise sanitaire était déjà apparents dès les mois de janvier et de février. La ministre française de la Santé Agnès Buzyn a pour sa part quitté ses fonctions pour briguer la maire de Paris le 16 février, près d’un mois après les premiers cas de Covid-19 dans l’Hexagone. Quelques semaines plus tard suite à ses piteux résultats au premier tour des élections municipales, l’ex-ministre s’était laissé aller à exploser de colère dans la presse accusant, Emmanuel Macron et Édouard Philippe (alors Premier-ministre) de négligence face à la crise sanitaire dont ils connaissaient le danger et face à laquelle ils ont été bien trop lents à réagir. Des déclarations violentes, qu’elle avait ensuite en parti retirées mais qui aujourd’hui font peser le doute sur sa propre responsabilité dans la gestion de la pandémie durant les premières semaines de 2020. C’est ainsi qu’aujourd’hui l’ex-ministre de la Santé a été mise en examen pour « mise en danger de la vie d’autrui ». La mise en cause d’Agnès Buzyn est la première dans ce vaste dossier consacré à la manière, critiquée encore aujourd’hui, dont les autorités françaises ont anticipé puis géré quotidiennement l’épidémie de coronavirus qui a fait au moins 115 000 morts dans le pays, selon Santé publique France. La CJR (la Cour de justice de la République, seule instance judicaire à même de juger des ministres dans l’exercice de leurs fonctions) a reçu de nombreuses plaintes liées au Covid-19, « 14 500 », selon le procureur général près la Cour de cassation, François Molins. Manque d’équipements de protection pour les soignants et pour la population, errements sur la nécessité ou non de porter des masques, etc. : neuf de ces plaintes ont été jugées recevables par la commission des requêtes de la CJR, qui fait office de filtre, et ont permis l’ouverture d’une enquête en juillet 2020. Depuis, d’autres plaintes ont été jugées recevables et jointes à l’enquête, tandis que des perquisitions ont été menées mi-octobre 2020 par les enquêteurs de l’Oclaesp (Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique) et de l’OCLCIFF (Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales). Cette mise en examen de Buzyn ouvre surtout désormais la porte à la mise en examen d’autres membres du gouvernement qui ont eu à gérer le début de la crise et notamment Édouard Philippe, alors chef du gouvernement durant les six premiers mois de la pandémie et Olivier Véran, successeur de Buzyn au ministère de la Santé. Reste à voir quel impact ces procès auront aussi sur la future campagne présidentielle qui se rapproche alors qu’Emmanuel Macron ne s’est toujours pas déclaré candidat à sa propre réélection et que cette première mise en accusation pèse déjà sur son bilan de gestion du Covid-19.