Depuis son humiliante défaite aux primaires de la gauche lors desquelles il a été rétamé par Benoit Hamon, et après avoir réussi en un temps record à se mettre à dos tous ses alliés politiques en enchaînant les piques acerbes à leur endroit, Manuel Valls tente une fois encore de retrouver une légitimité sur la scène politique française en se positionnant comme un commentateur avisé et perspicace. C’est ainsi que l’ex-Premier ministre Manuel Valls a largement balayé l’actualité de la famille politique française sur BFM TV face à Ruth Elkrief. L’ancien Premier ministre commence son interview en racontant notamment une anecdote sur l’arrivée de l’ancien banquier, Emmanuel Macron, au ministère de l’Économie, en août 2014. «C’est vous qui l’avez fait entrer au gouvernement, et puis après, ça s’est cassé», a souligné la journaliste. «Oui, mais ça, c’est la vie politique. J’ai eu un coup de génie en insistant auprès de François Hollande, qui était déjà assez convaincu», s’est souvenu celui qui était alors Chef du gouvernement. Pour autant, après la victoire de Macron en 2017, Manuel Valls juge qu’«au fond, ce qui compte, c’est le résultat». Et d’ajouter : «Emmanuel Macron a été élu dans une crise politique majeure, avec un mouvement de dégagisme profond. Nous avons élu un président réformiste, jeune, européen, progressiste, etc. Et nous n’avons pas eu un populiste type Mélenchon ou Le Pen et nous avons évité François Fillon». Interrogé sur sa nécessité, à l’époque, de «faire le deuil de son ambition présidentielle», l’ex-député de l’Essonne a répondu que son ancien ministre avait «joué et gagné». «J’ai quand même raconté pendant des semaines à François Hollande qu’Emmanuel Macron ne me visait pas moi, il le visait lui. Il (Emmanuel Macron) voulait être président de la République. Ensuite, il y a eu les circonstances : la chance, la primaire de la droite, les affaires qui ont touché Fillon, le choix décisif de François Bayrou, la primaire de la gauche, etc.». L’ancien locataire de l’hôtel de Matignon et de la place Beauvau aborde également le cas de Lionel Jospin, revenu sous le feu des projecteurs la semaine dernière, avec la parution de son ouvrage «Un temps troublé». «Je ne suis pas effrayé par la radicalité qu’ils revendiquent», y explique notamment l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac à propos des Insoumis. Lionel Jospin, a analysé la journaliste, «dédiabolise Jean-Luc Mélenchon, le voit presque en rassembleur de la gauche s’il dompte son tempérament». «Il se trompe totalement, ou alors il ne veut pas comprendre ce qui est en train de se passer», a jugé Manuel Valls à propos de Lionel Jospin. Selon lui, une partie de La France Insoumise «pactise avec les Indigènes de la République, avec les thèses racialistes, [et] ne s’est pas retrouvée où il le fallait au moment de Charlie Hebdo». «Lionel Jospin pense qu’on peut refaire la gauche plurielle, on se fout de la gueule du monde», a poursuivi Manuel Valls. Pour ce dernier, d’ailleurs, «Mélenchon ne se situe pas dans le camp des républicains». Ainsi, l’ex-Chef du gouvernement jette un pavé dans la mare et met à l’index le truculent dirigeant de LFI et n’hésite pas, contrairement à beaucoup d’autres personnalités de gauche, à tracer une ligne rouge le séparant de l’ancien député socialiste qui aujourd’hui copine avec les racialistes d’extrême-gauche, trop peu souvent dénoncés par les représentants de la gauche «traditionnelle». Reste à savoir, toutefois, quels résultats aura cette interview, qui tout en flattant allégrement Macron, place des barrières claires avec l’extrême-gauche. Mais ce nouvel appel du pied à Macron, qui, à plusieurs reprises déjà a choisi de ne pas intégrer l’ancien Premier ministre dans son équipe, risque malheureusement pour lui d’avoir aussi peu de succès que ceux qu’il a déjà tentés ces trois dernières années.