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jeudi 30 mars 2023

Reprise des négociations à distance de Vienne

Comme pour les rounds précédents dans les négociations de Vienne visant à redonner vie à l’accord de 2015 sur le programme nucléaire uranien, celui amorcé jeudi dernier, en principe le 8e du nom, va donner lieu aux mêmes échanges indirects entre ces deux principaux protagonistes que sont l’Iran et les Etats-Unis. Cela seul déjà augure mal de la suite. Lorsque des négociations s’amorcent sous cette forme, le meilleur signe qu’elles avancent cependant, c’est qu’il arrive un moment où elles deviennent directes. Cela ne veut pas dire qu’elles sont condamnées dès lors à réussir, quoi qu’il arrive par la suite, mais que du moins le plus dur a été fait, que les plus grandes difficultés, celles-là précisément qui empêchaient un dialogue sans intermédiaire, ont été surmontées. Le jour où les négociateurs Iraniens accepteront que leurs homologues américains s’assoient à la même table qu’eux, aux côtés des représentants des autres pays parties prenantes à l’accord, on saura du même coup qu’un accord non seulement se dessine mais  est en bonne voie de se conclure. Aussi longtemps qu’on n’en est pas là, c’est l’hypothèse de l’échec qu’il faut privilégier, avec ce qu’elle implique. En particulier, il ne faut même plus prêter attention aux déclarations des représentants chinois et russes, lesquels depuis le début se sont montrés immodérément optimistes, n’arrêtant pas de dire que les négociations allaient bon train. Depuis le temps qu’ils le répètent, ces négociations auraient déjà abouties si leurs paroles correspondaient à la réalité. Ils étaient allés d’un message de même inspiration pendant que se tenait le 7e round, avant que celui-ci  ne soit interrompu, et qu’Américains et Israéliens ne se mettent à reparler des choix alternatifs auxquels ils pourraient recourir. L’emploi du pluriel n’est d’ailleurs en l’espèce qu’une clause de style, c’est au singulier qu’il faut l’entendre, en particulier dans la bouche des responsables israéliens, des intrus dans toute cette affaire, n’étant ni de près ni de loin partie prenante à l’accord de Vienne. Si cela n’avait tenu qu’à eux, il est vrai, ce traité international  n’aurait jamais existé. Des attaques auraient été déjà effectuées contre les installations nucléaires iraniennes. La région du Golfe se serait déjà embrasée, peut-être même bien au-delà de ses frontières. Par chance, cela ne dépend pas d’Israël, ni de ses nouveaux alliés dans la région. Mais des Etats-Unis, à qui il suffit de revenir aux clauses de l’accord de 2015  pour voir se dissiper le spectre de l’embrasement. Du moment que ce sont eux qui ont quitté l’accord, ce n’est que justice que ce soient  à eux de faire non pas seulement le premier pas, mais tout le chemin qui y ramène. Ce qui compte au premier chef pour l’Iran, ce n’est pas de fabriquer la bombe, mais de se sentir en capacité de la faire. Bien des pays à travers le monde sont aujourd’hui dans ce cas. Ils peuvent se doter de l’arme nucléaire, mais n’en font rien, par principe, par souci de non-prolifération. A priori, c’est là quelque chose que les Etats-Unis pourraient parfaitement et comprendre et admettre. Et prendre les mesures nécessaires pour s’assurer du respect par l’Iran du traité de non-prolifération dont il est signataire, à la différence d’Israël. Ce dont ce dernier ne veut pas, ce n’est pas juste que l’Iran ait l’arme nucléaire, mais qu’il soit seulement capable de la fabriquer. Aussi n’y a-t-il pas d’accord qui lui convienne. Il est étonnant que ni les Américains ni les Européens n’aient l’air de voir qu’ils ne  poursuivent pas dans cette affaire les mêmes objectifs que lui.

Mohamed Habili

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