Alors que des mouvements sociaux éclatent un peu partout dans le pays, l’Iran continue à espérer une reprise rapide de l’Accord sur le nucléaire, même si officiellement la République islamique refuse de montrer à ses adversaires l’urgence dans laquelle elle se trouve. Aujourd’hui, Téhéran attend toujours la réponse des États-Unis aux «solutions» discutées avec le négociateur de l’Union européenne chargé de coordonner les pourparlers sur le nucléaire iranien, afin de sortir de l’impasse en rétablissant l’accord de 2015, a indiqué, hier 16 mai, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères. Le coordinateur de l’UE, Enrique Mora, s’est entretenu pendant deux jours avec le négociateur en chef de la République islamique sur le nucléaire, Ali Bagheri, à Téhéran la semaine dernière, ce qui a conduit l’UE à déclarer que les négociations avaient été «rouvertes». Ces négociations qui visent à faire revenir les États-Unis dans l’accord conclu en 2015 entre l’Iran et les grandes puissances, et à amener l’Iran à s’y conformer pleinement, étaient au point mort depuis environ deux mois. «Des négociations sérieuses et axées sur les résultats ont eu lieu, avec des initiatives spéciales de l’Iran», a déclaré à des journalistes le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh, sans entrer dans les détails. «Si les États-Unis donnent leur réponse à certaines des solutions qui ont été proposées, nous pouvons être dans une position où toutes les parties retourneront à Vienne, où se tiennent les pourparlers», a-t-il ajouté lors de sa conférence de presse hebdomadaire. Washington, en revanche, a adopté un ton moins optimiste. Le porte-parole du département d’État, Ned Price, avait déclaré vendredi qu’«à ce stade, un accord restait loin d’être certain». Et d’ajouter : «C’est à l’Iran de décider s’il veut conclure un accord rapidement». L’Iran a engagé des négociations directes avec la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Russie et la Chine, pour relancer l’accord de 2015 censé encadrer le programme nucléaire iranien. Les États-Unis y participent indirectement. L’accord de 2015 a permis à l’Iran de bénéficier d’un allègement des sanctions en échange de restrictions de son programme nucléaire, afin d’empêcher Téhéran de développer une arme nucléaire, ce que le pays a toujours nié vouloir faire. Mais le retrait unilatéral des États-Unis de l’accord en 2018 sous l’administration du président de l’époque, Donald Trump, et la réimposition de sanctions économiques sévères ont incité l’Iran à commencer à revenir sur ses propres engagements. Pourtant, la crise qui lamine aujourd’hui la République islamiste devrait la pousser à se faire plus conciliante pour éviter des heurts inévitables qui pourraient mener à une augmentation de la répression de la population qui croule déjà sous les interdits et les difficultés économiques.