Si le président américain avait assuré il y a quelques semaines qu’il ne comptait pas envoyer de forces américaines en Ukraine ni d’y déployer celles de l’Otan contre la Russie en cas d’invasion, il a toutefois averti Vladimir Poutine de «répercussions sévères et rapides» en cas d’attaque. De son côté, le président russe n’a pas apprécié de se faire remonter les bretelles sur la place publique et a dénoncé «l’hystérie» américaine. Samedi, alors que la Russie venait d’entamer des manœuvres militaires en mer Noire et en Biélorussie, et que 100 000 soldats russes étaient toujours passés à la frontière ukrainienne, les appels téléphoniques à but diplomatique entre les dirigeants occidentaux et Moscou se poursuivaient, sans parvenir à faire retomber la tension. «L’hystérie a atteint son apogée», a commenté le conseiller diplomatique de Vladimir Poutine, Iouri Ouchakov, tout en précisant que Poutine et Biden avaient convenu de «poursuivre les contacts à tous les niveaux». Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a quant à lui mis en garde samedi, après son entretien avec son homologue Sergueï Lavrov, contre une possible «provocation» russe, prétexte à la guerre. «Personne ne devrait être surpris si la Russie déclenche une provocation ou un incident qu’elle utilise ensuite pour justifier une action militaire qu’elle avait planifiée depuis le début», a-t-il dit. Depuis les premiers déploiements de troupes près de l’Ukraine, en novembre, Moscou nie toute intention d’invasion, mais réclame la fin de l’expansion de l’Otan et du soutien de l’Occident à cette ex-République soviétique, qu’elle considère comme faisant partie de sa sphère d’influence. Lors de sa discussion avec le président français Emmanuel Macron, Vladimir Poutine a critiqué les «livraisons d’ampleur d’armements modernes» à son voisin, estimant qu’elles créaient «les conditions préalables à de possibles actions agressives des forces ukrainiennes dans l’est de l’Ukraine», où la Russie soutient depuis huit ans des séparatistes armés. Les États-Unis ont ordonné le départ de l’essentiel du personnel de l’ambassade américaine à Kiev, relevant qu’une offensive russe pouvait «commencer à tout moment et sans avertissement». À Kiev, des milliers de manifestants ont défilé samedi, disant refuser de céder à la panique justement, même s’ils prennent la menace au sérieux. Ajoutant aux tensions, la Russie a lancé samedi de nouvelles manœuvres navales en mer Noire pour s’exercer à «défendre» la Crimée, péninsule annexée en 2014. Le ministère de la Défense a par ailleurs affirmé que la marine russe avait chassé un sous-marin américain de ses eaux dans l’océan Pacifique samedi. Faux, a répondu Washington : «Il n’y a aucune vérité dans les affirmations russes concernant nos opérations dans leurs eaux territoriales», a démenti l’armée américaine. Les relations russo-américaines continuent ainsi à se dégrader et Biden a déjà menacé Poutine de sanctions à venir qui le frapperaient directement au porte-monnaie. En effet, si les Occidentaux excluent d’engager leurs armées en cas de guerre, elles prévoient des représailles économiques dévastatrices. Reste à voir si ces menaces ne feront que remonter à bloc le président russe qui a prouvé, ces dernières années, que les menaces en tous genres avaient tendances à le renforcer dans ses positions plutôt que de le faire reculer.