Le soutien de l’homme politique et industriel italien, Enrico Mattei, à la Révolution algérienne, a été mis en exergue, dimanche à Alger, lors d’une rencontre organisée en marge de la 25e édition du Salon international du livre d’Alger (Sila).
Intervenant lors de cette rencontre intitulée «Tayeb Boulahrouf et Enrico Mattei au croisement de l’histoire», l’ancien moudjahid et président de l’Association des anciens du MALG (Ministère de l’armement et des liaisons générales), Daho Ould Kablia, a évoqué les premiers contacts entre Mattei et les responsables du Front de libération nationale (FLN), qualifiant l’homme d’«humaniste et universaliste» qui plaidait pour l’indépendance des peuples colonisés.
De son côté, Bruna Bagnato, professeure en histoire et des relations internationales et autrice du livre «L’Italie et la guerre d’Algérie, 1954-1962», a indiqué que «le message que voulait transmettre Mattei aux Algériens et aux pays qui luttaient pour l’indépendance est à la fois un message politique et économique».
Elle a souligné, à ce propos, que Mattei, qui était président de l’entreprise publique italienne des hydrocarbures, ENI, «œuvrait pour l’utilisation du pétrole au service d’une bonne politique, dénuée de tout souvenir impérialiste et colonialiste», et «voulait que l’indépendance politique soit accompagnée par l’indépendance économique».
L’intervenante a relevé que c’était «pour cette raison que Mattei restait sourd aux offres de la France coloniale, notamment en ce qui concerne l’exploitation du pétrole algérien», affirmant que le patron d’ENI «avait dit clairement aux Français qu’il préférerait attendre qu’un gouvernement algérien soit installé et ne pas négocier avec le colonisateur».
Elle a rappelé, également, que Tayeb Boulahrouf, chef de la mission du FLN à Rome pendant la guerre de Libération nationale, «avait été aidé par Enrico Mattei pour rencontrer des personnalités politiques italiennes».
Pour sa part, Massimiliano Tarantino, président de la Fondation Feltrinelli, du nom de Gian Giacomo Feltrinelli, un éditeur italien qui publiait des ouvrages sur la guerre de Libération, estimait que «Feltrinelli a toujours été aux côtés des révolutions, notamment la Révolution algérienne», ajoutant que son but était de «raconter au peuple italien ce qui se passait en Algérie sous l’occupation française».
Le président de la Fondation a déclaré que «l’engagement de Feltrinelli pour la Révolution algérienne avait mobilisé également les intellectuels de la ville de Milan qui avaient affiché leur soutien à la cause algérienne».
Il a indiqué qu’«un réseau des libraires avait même été crée en 1962 par cet éditeur pour collecter les médicaments et les acheminer en Algérie», assurant que sa fondation «dispose d’un fonds d’archives de 1,5 million d’écrits, de brochures et d’ouvrages, dont 10 % est dédié la Révolution algérienne».
Racha N.