Une conférence sur l’école algérienne pour l’écriture de l’histoire et les difficultés liées à ce domaine de recherche, dédiée à la mémoire de l’historien et universitaire Abdelmadjid Merdaci récemment disparu, a été animée, dimanche à Alger, par les historiens Fouad Soufi et Djamel Yahiaoui.
Tenue dans le cadre de la manifestation «La rentrée culturelle» lancée le 26 septembre dernier par le ministère de la Culture et des Arts, la rencontre s’est déroulée à la Bibliothèque nationale d’El Hamma, devant un public très peu nombreux.
L’historien, spécialiste du mouvement national algérien et chercheur associé au Centre de recherches en anthropologie sociale et culturelle (Crasc), Fouad Soufi, a d’abord déploré, l’absence de «manuels et revues» spécialisés encadrés par des professeurs, les difficultés à accéder aux «archives nationales» et la négligence des «sciences archéologiques». Soulignant la nécessité
d’avoir «une méthode» qui puisse permettre une vision scientifique et objective des événements et contenus à traiter, l’historien-chercheur a regretté le manque de visibilité quant au travail des historiens.
Fouad Soufi a rappelé que la période de l’«histoire ancienne» et celle de la «guerre de Libération nationale» sont les seules dont parlent les historiens, alors que les périodes intermédiaires sont «aussi importantes» car elles ont vu se former des «mouvements extraordinaires des peuples».
De son côté, l’historien-chercheur et actuel directeur du Centre national du livre (CNL), Djamel Yahiaoui, affirmant que l’histoire, «point de rencontre de tous les Algériens», était devenue «le domaine de tous», a rappelé que l’«idéologie coloniale a empêché
l’émergence d’une écriture de l’histoire par des plumes proprement algériennes». «La tradition orale comme seul véhicule social des faits, le combat entre différentes tendances politiques, l’occultation de pans entiers de l’histoire pour servir des intérêts étroits, l’utilisation de l’histoire comme fonds de commerce, ou encore l’exclusion», sont autant d’entraves pour l’émergence d’une école pour l’écriture de l’histoire que le conférencier a évoquées.
Djamel Yahiaoui a conclu en insistant sur la nécessité de «décoloniser l’histoire» et revenir vers les historiens algériens qui rappellent, a-t-il souligné, que pour rendre compte d’un quelconque fait qui s’est déroulé dans le passé, il faut «jouir d’une totale liberté d’écrire».
La manifestation «La rentrée culturelle» se poursuit jusqu’au 7 octobre avec encore au programme des conférences sur l’histoire et la littérature.
M. K.