Durant des années le Front National, puis le Rassemblement National, a évolué dans l’espace politique français sans concurrent, occupant une place unique qui lui a permis d’attirer de plus en plus d’électeurs au fil des ans. Marine Le Pen s’apprêtait d’ailleurs à attaquer la campagne présidentielle de 2022 presque assurée de se retrouver au second tour du scrutin. Mais voilà qu’un adversaire vient marcher sur ses plates-bandes et lui fait craindre la perte d’une partie de son électorat. Le journaliste Éric Zemmour, à la popularité exponentielle, inquiète la candidate du RN qui a dû, il y a quelques semaines, lui demander ouvertement d’oublier une possible candidature pour se joindre à elle. Une demande à laquelle Zemmour avait répondu par la négative. Cette semaine, le maire de Béziers, Robert Ménard, proche du parti d’extrême droite et ami du journaliste politique, leur a proposé de venir «discuter» dans sa ville du sud de la France. L’essayiste a accepté la proposition de l’édile, tandis que la candidate à l’Élysée a fini par faire de même, quelques heures plus tard, après une courte réflexion, selon son entourage. Les proches de Marine Le Pen avaient indiqué que la candidate «n’avait jamais refusé de discuter avec quiconque», soulignant que la proposition du maire de Béziers portait sur une «discussion autour d’une table», pas sur «un débat» public. Ainsi, Marine Le Pen est «d’accord pour un dîner avec Éric Zemmour à Béziers», a rapporté Robert Ménard, qui a ensuite qualifié cet engagement de «très bonne nouvelle». L’entourage d’Éric Zemmour a toutefois stipulé que le polémiste était «d’accord pour un débat», mais «pas pour des magouilles d’arrière-cuisine». «Non à la cuisine politicienne, oui au débat démocratique», a-t-on ajouté dans son cercle rapproché. La cheffe du RN et le journaliste star de CNews selon qui Marine Le Pen «ne gagnera jamais» en 2022 et qui pourrait aussi se présenter, «sont suicidaires. Il faut qu’ils arrêtent de se tirer dans les pattes les uns et les autres», s’est justifié Robert Ménard. «Marine et Éric, je leur dis : ‘’Venez à Béziers et on discute’’, parce que je suis ami avec les deux», a-t-il ajouté. Selon l’eurodéputé du RN Thierry Mariani, «Marine Le Pen a répondu favorablement à la proposition de Robert Ménard afin de discuter, ce qui veut dire échanger, voir ce qu’on a en commun», mais «pas du tout faire un débat devant les télés», a-t-il précisé. «On n’est pas là (…) pour faire une sorte de show qui ferait certainement plaisir aux médias mais (ne ferait) pas avancer nos idées», a souligné l’ancien ministre sarkozyste, qui «rêve d’un gouvernement avec Éric Zemmour et Marine Le Pen ensemble». Le maire de Béziers a toutefois appelé les Français à voter pour Marine Le Pen en 2022, malgré son «entourage (qui) est un vrai problème pour elle». «Je crois qu’elle a changé. Elle a évolué. Aujourd’hui, elle est moins doctrinaire, plus ouverte (…), plus raisonnable», a fait valoir celui qui s’apprête à publier, le 13 septembre prochain, un livre de conseils à la dirigeante d’extrême droite intitulé «Chère Marine, ce qu’elle doit faire pour gagner». L’homme politique, qui avait un temps poussé Éric Zemmour à se présenter, considère désormais que ce dernier peut «faire perdre (son) camp». «Je pense qu’il n’est pas capable de réussir le passage entre polémiste et chef de l’État, ce qui n’est pas tout à fait la même chose», a-t-il rappelé. Reste à voir si Éric Zemmour et Marine Le Pen, dont les visions diffèrent, le journaliste ayant une ligne bien plus «dure» que celle de la présidente du RN, réussiront à s’entendre ou si leurs lignes idéologiques sont trop dissemblables désormais pour arriver à un accord qui ferait renoncer à l’éditorialiste ses ambitions présidentielles.