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vendredi 29 mars 2024

Rematch et records

L’annonce faite mardi dernier par Joe Biden de sa candidature à sa propre succession n’a pas constitué en soi une surprise, ayant déjà lui-même et cela à plusieurs reprises fait part de cette intention. La forme qu’elle a prise en revanche a pu surprendre. On s’attendait à une déclaration solennelle faite depuis le Bureau ovale, non pas à un clip de campagne de trois minutes balancé dans la nuit sur les réseaux sociaux. A croire qu’il ne s’agissait pas tant de faire acte de candidature que de débuter la campagne elle-même, que de montrer un candidat passé à l’action par-delà la déclaration de principe. Donald Trump, lui, a lancé la sienne depuis novembre de l’année dernière. Tout indique que les deux hommes vont s’affronter à nouveau dans la course à la Maison-Blanche. Ce sera le cas échéant la deuxième fois que cela arrive dans l’histoire des Etats-Unis, la première ayant opposé en 1956 Dwight Einsenhower à Adlai Stevenson. Les Américains appellent cette situation un rematch.

Mais ce n’est pas de ce rematch qu’il est le plus question aujourd’hui, mais d’un autre, celui de Grover Cleveland, un président des années 1890, qui après avoir échoué à se faire réélire au terme de son premier mandat, et donc avoir perdu son job de président, avait pu se représenter quatre années plus tard et récupérer son job. Cleveland est le seul politique américain à avoir obtenu deux mandats non consécutifs. Il ne suffit donc pas à Trump de concourir pour la deuxième fois pour être à son tour considéré comme un cas à part, il lui faut aussi être réélu en 2024, ce qui est possible mais qui ne lui est pas garanti. Du moins est-il question dans son cas d’un record à battre, ou plus exactement à rebattre. S’il gagne l’élection de 2024, on dira inévitablement de lui qu’il est le deuxième président à se faire réélire après un échec subi quatre années plus tôt. Mais on ajoutera qu’il est le premier président à battre le même homme l’ayant battu quatre années plus tôt. Et là, il ne serait pas le deuxième mais bien le premier de son genre. Mais de quoi Joe Biden est-il en l’espèce le premier ou même seulement le second de son genre ? Il est le premier à avoir mené une première campagne, couronnée de succès comme on sait, au cours de laquelle il a assuré ses électeurs qu’elle serait la dernière dans le cas où ils l’élisaient. Ils l’ont élu, et le voilà pourtant candidat à sa réélection. On peut voir dans cette parole non tenue un record. Ce n’est pas le seul. Déjà en 2020, Biden était le candidat le plus âgé à s’être présenté à une présidentielle. En 2024, il le sera pour la deuxième fois. S’il est réélu, et qu’il accomplit jusqu’au bout son deuxième mandat, il sera le président le plus âgé dans l’histoire des Etats-Unis. L’âge n’est pas un handicap. Il s’en est trouvé dans l’histoire des personnes âgées qui étaient les candidats des plus jeunes dans leur société. Il y a des chances pour que Biden en soit un, si bien sûr il dame une deuxième fois le pion à Donald Trump, qui lui-même d’ailleurs n’est pas d’une prime jeunesse. Biden fait aujourd’hui ce qu’ont fait tous les présidents en fonction avant lui : aspirer à sa réélection. Aux Etats-Unis, on n’a droit qu’à deux mandats présidentiels, mais une loi non écrite fait obligation de les obtenir tous deux, autrement si comme on avait perdu jusqu’au premier mandat pourtant déjà accompli. Président-d’un-seul-mandat est une insulte dans ce pays.

M. H.

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