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vendredi 29 mars 2024

Relativisme

Nouveau mandat présidentiel pour Emmanuel Macron et nouvelle tentative de faire passer une réforme des retraites, avec une fois encore une contestation populaire qui est au rendez-vous. Pourtant, si lors de son premier quinquennat le président français avait finalement reculé, prenant comme excuse le début de la crise sanitaire du Covid-19, cette fois-ci il affirme, par la voix de ses ministres, sa détermination à aller jusqu’au bout sans «renoncer» au report de l’âge de départ à 64 ans, et ce, malgré une mobilisation massive que les opposants entendent encore amplifier. Hier, la réforme des retraites présentée par le gouvernement a été adoptée en Conseil des ministres. Elle doit désormais être votée à l’Assemblée Nationale. «Revenir sur les mesures d’âge controversées, ce serait renoncer au retour à l’équilibre du système en 2030, et donc manquer de responsabilité pour les générations futures», a déclaré le ministre du Travail, Olivier Dussopt, devant la presse, à l’Élysée, tout en reconnaissant «un désaccord avec les organisations syndicales» sur ce sujet. Après la première journée de grèves et de manifestations, qui a réuni jeudi 19 janvier entre un et deux millions de personnes dans la rue, et avant la prochaine prévue le 31 janvier, Macron et son exécutif s’emploient à relativiser une mobilisation «normale». Ils ont donc profité de l’étape très formelle du Conseil des ministres pour dérouler leur calendrier, qui prévoit un débat parlementaire au pas de course pour une entrée en vigueur du projet contesté à l’été. Le report de 62 à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite, mesure phare de la réforme, est rejeté par les syndicats unanimes, ainsi que par l’essentiel des oppositions et, selon les sondages, une grande majorité des Français. Le chef de l’État a pourtant estimé, dimanche, avoir déjà fait preuve d’«ouverture» par rapport au programme pour son second quinquennat qui prévoyait initialement les 65 ans. Il a dit souhaiter «que le gouvernement avec les parlementaires puissent encore aménager le texte». Avant de se montrer plus inflexible : «Les besoins sont connus, et je crois que là, maintenant, il faut pouvoir avancer». Ses ministres se relaient donc pour assurer être prêts au «dialogue afin d’enrichir le texte…» mais uniquement à la marge. «À chaque fois qu’un amendement nous permettra d’améliorer le texte sans renoncer au retour à l’équilibre en 2030, ni aux fondamentaux de la réforme, évidemment nous y serons ouverts», a simplement dit Olivier Dussopt, hier, lors d’un long exposé très technique, sans avancer aucune piste en ce sens. Alors que le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, avait ouvert la porte pour la première fois durant le week-end à «des mesures coercitives pour les entreprises qui ne joueraient pas le jeu de l’emploi des seniors», le ministre du Travail s’en est tenu à des sanctions financières uniquement pour les sociétés qui ne publieront pas l’«index» incitatif prévu par la réforme. Mais ces mesures convaincront-elles ceux qui s’opposent à la réforme de revoir leur position ? Rien n’est moins sûr. Car aujourd’hui non seulement le nouvel âge de 64 ans pour la retraire est refusé par l’opposition et les syndicats, mais de nombreuses voix demandent à ce que l’âge de départ soit revu considérablement à la baisse, certains n’hésitant pas à avancer l’âge de 50 ans. Reste à voir aujourd’hui si l’opposition réussira à maintenir la mobilisation populaire, seule capable de faire hésiter le gouvernement ou si semaine après semaine les manifestants perdront leur motivation, ouvrant ainsi un boulevard à l’adoption de la réforme.

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