La question du contrôle des armes à feu est certainement l’une des plus polarisante aux États-Unis où la possession de fusils d’assaut est légale pour les simples citoyens et où les crimes par armes à feu font chaque année des dizaines de milliers de morts. Les tueries de masse font aussi rage dans le pays, mais malgré tout les législations anti-armes à feu sont presque impossibles à mettre en place. Mais aujourd’hui, Joe Biden semble décidé à s’attaquer à cette question épineuse et sur laquelle de nombreuses personnalités politiques se sont cassées les dents. Le président américain a, en effet, annoncé il y a quelques jours une nouvelle salve de mesures réglementaires censées limiter la circulation des armes à feu, dont la portée ne sera que limitée en l’absence d’une loi fédérale, une perspective très improbable à l’heure qu’il est. Joe Biden pour faire l’annonce de ces mesures à choisi Monterey Park (Californie), une localité endeuillée en début d’année par une fusillade qui a fait 11 victimes dans la communauté asiatique. Les mesures annoncées doivent notamment renforcer la vérification des antécédents pour les achats d’armes à feu, même si le principe d’une vérification universelle ne peut être imposé que par une législation fédérale, a rappelé la Maison-Blanche dans un communiqué. Le démocrate de 80 ans veut aussi encourager le recours au signalement («red flag») d’individus potentiellement violents, que la justice peut alors priver d’armes à feu, et faire face à l’explosion (augmentation de 250 % entre 2018 et 2022) du nombre d’armes déclarées comme «volées» ou «perdues» pendant leur transport entre marchands. Biden veut aussi renforcer la pression sur le puissant secteur des armes à feu, en signalant les vendeurs ayant violé les règles fédérales. Il «encourage», par ailleurs, l’agence fédérale du commerce, un organisme indépendant, à publier un rapport sur la vente et la promotion d’armes à feu auprès des mineurs. Le président américain sait toutefois qu’il ne peut pas faire grand-chose face aux multiples fusillades, dont seulement les plus sanglantes donnent désormais lieu à une couverture médiatique. Ce sont, en effet, les États qui sont compétents en matière d’achat, de propriété et de port d’armes à feu. Seule une loi fédérale pourrait s’imposer à eux, par exemple pour interdire les fusils d’assaut, comme le réclame Joe Biden. Cela semble très improbable avec l’une des deux chambres du Congrès désormais aux mains des républicains, farouches partisans du droit constitutionnel à posséder une arme. Les mesures annoncées par le président américain n’auront pourtant que peu d’incidence sur les crimes par armes à feu qui rongent le pays, étant en effet très facile de se procurer toutes sortes d’armements bar le biais du marché parallèle. Néanmoins, pour les plus ardents défenseurs du second amendement de la Constitution, toute mesure entravant le droit de tout Américain de posséder des armes à feu est une atteinte grave de leur liberté et ces nouvelles réglementations pourraient électriser une fois encore la scène politique américaine sur le sujet.