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jeudi 28 mars 2024

Regards /Agissements de l’ambassade du Royaume-Uni à Beyrouth: Une «soft war» contre la Résistance

Le ministère libanais des Affaires étrangères a récemment ratifié la reconnaissance, par la Ligue arabe, de l’Ecosse comme «pays européen indépendant du Royaume-Uni», en soutenant dans un communiqué le droit des peuples de l’Ecosse et de l’Irlande du Nord à l’indépendance et la liberté. Cette position qui pourrait relever de la «fiction politique» pour certains, n’apparait plus comme une impulsion démesurée quand on consulte un tant soit peu des plans de destruction socio-économique et des opérations menées par l’ambassade et les services de renseignement britanniques contre le Liban.

Par Ali Nassar
On devine déjà l’ampleur de ces plans quand on cherche le nom de l’ambassadeur «Chris Rampling» sur Google et qu’on trouve pas moins de 150 000 liens à son sujet. Une filtration aléatoire de ces résultats, en omettant ce qui est similaire ou répétitif, permet de les réduire à 10 à 20 milles articles. Ce chiffre énorme donne une impression réelle de l’intensité de la propagande couvrant les desseins de cette guerre britannique secrète contre le pays du Cèdre.

Que veut le Royaume-Uni au Liban ?
Les buts de la monarchie britannique se déclinent en trois axes qui portent atteinte à la sécurité nationale du Liban, voire la détruisent.

Le premier : international, pour préserver la domination occidentale sur le Liban
La Grande-Bretagne exécute, conjointement avec les Etats-Unis et les autres pays de l’Alliance des Five Eyes, une stratégie nationale et internationale commune destinée contre le groupe des pays indépendants comme la Chine, la Russie, Cuba, l’Iran, la Syrie, le Venezuela et les mouvements de résistance au Moyen-Orient, y compris au Liban. Dans le cadre de cette stratégie nationale et supranationale, la Grande-Bretagne vise le Liban par tous les moyens de la «guerre hybride» qui conviennent aux rapports de force actuels, notamment par la guerre secrète. Le but principal de cette guerre étant de maintenir l’inféodation de l’Etat libanais à l’impérialisme occidental et le capitalisme international, tout en empêchant le peuple libanais de s’en détacher. Cet empêchement se manifeste surtout dans les efforts britanniques d’ingérence dans les relations frontalières entre le Liban et la Syrie, en finançant la construction de tours militaires d’observation et l’installation d’appareils de contrôle aux frontières Nord et Est avec la Syrie. Et si cette ingérence s’effectue sous la bannière du «soutien à l’armée», sa réelle motivation est une exigence israélienne.
Car la fermeture militaire et sécuritaire de ces frontières est une donne géopolitique qu’Israël – ainsi que la droite libanaise – a échoué à imposer à la Syrie et aux forces de la résistance nationale, pendant et après l’invasion sioniste de 1982. Aujourd’hui, après près de 40 ans, la Grande-Bretagne veut transformer cet échec israélien à isoler le Liban de la Syrie en succès. Et elle cache bien son jeu en prétendant que son ingérence a «marqué un grand changement dans les capacités des forces de sécurité libanaises».

Le deuxième : régional, en assurant la suprématie d’Israël et son intimidation
du Liban
La Grande-Bretagne continue ses actions visant à affaiblir la résistance nationale contre l’Entité sioniste qui occupe les terres du Liban, menace sa sécurité et viole sa souveraineté. Il y a quelques mois, la Grande-Bretagne a décidé de déclarer le Hezbollah, qui est à l’avant-garde des forces de la Résistance nationale, «organisation terroriste». Son ambassade au Liban a même alerté des organisations collaborant avec elle sur la nécessité de l’application de cette décision. Après les élections de 2018 ayant donné naissance à un Parlement non-dominé par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, ces deux pays se sont empressés de «travailler avec leurs partenaires libanais» pour avorter les résultats de ces élections.
En effet, après le déclenchement de la «révolte populaire nationale» le 19 octobre 2019, Londres, ainsi que d’autres capitales impérialistes, ont mis tout leur poids pour faire avorter cette révolte radicale et ont soutenu une mobilisation confessionnelle à sa place, dominée par les anciennes et nouvelles forces de la droite libanaise. La Grande-Bretagne a participé à soutenir ces forces réactionnaires dans son entreprise d’instrumentalisation politique et confessionnelle des crises sociales et du choc économique et financier résultant de la crise du régime libanais, en jetant la responsabilité de cet effondrement et de ces retombées sur le dos de la résistance nationale, notamment le Hezbollah. Et cette obstination britannique à imposer au Liban à appliquer le programme du FMI et à le maintenir dans le joug de la domination occidentale, loin de toute tentative de se diriger vers l’Est pour résoudre sa crise, traduit une décision britannique stratégique d’épuiser l’écosystème social et politique de la Résistance. Il est certain que cette intimidation britannique de cette dernière vise à atteindre le but israélien d’isoler la Résistance et de menacer ses assises sociale et politique, un but pour lequel les appareils de l’Entité sioniste ont beaucoup œuvré.

Le troisième : local, par l’usurpation de l’ambassade britannique de fonction d’un parti politique
L’ambassade britannique à Beyrouth usurpe le rôle d’un parti politique, notamment son «Bureau des projets» qui prétend «s’intéresser à trouver une atmosphère convenable aux réformes politiques pour renforcer le travail de la Justice et de la Sécurité, et bâtir la confiance des citoyens en les institutions de l’Etat par la remise de comptes afin d’assurer les meilleurs services et de créer des opportunités de développement». L’ambassadeur Rampling lui-même a participé à cette usurpation de fonction. Avant d’avoir quitté son poste à Beyrouth, il avait anticipé les résultats de l’instruction en cours sur l’explosion du port en écrivant : «Le Liban n’a pas causé la crise des réfugiés comme il n’a pas causé la crise du coronavirus. Mais cette crise économique et l’explosion du 4 août ont été de fabrication locale». Et en tweetant : «Je n’ai pas cité le Hezbollah ou la normalisation (avec Israël, ndlr) qui change le visage de la région. Le patriarche Raï avait raison quand il a appelé une nouvelle fois à la neutralité régionale». Il incite contre les armes de la Résistance, affiche son optimisme de la normalisation en cours avec l’ennemi sioniste et invite les forces de droite à s’insurger contre la Constitution libanaise qui autorise la résistance à l’occupation sioniste. Et d’ajouter, incitant les Libanais à s’entretuer et condamnant la participation de forces nationales libanaises aux combats sur le territoire syrien contre les groupes terroristes takfiristes : «Un Etat qui vise réellement à la stabilité et à la sécurité ne peut pas avoir d’armes en dehors de son autorité, et en particulier si ces armes sont utilisées au-delà de ses frontières. Ne pas prendre position à ce sujet est exactement ce qui l’empêche». Ainsi, nous comprenons que l’ambassade britannique impose aux Libanais à désarmer la résistance nationale à l’occupation «israélienne», pour qu’ils jouissent d’un «Etat stable et sûr».
Le «parti britannique» ment quand il annonce qu’il «cherche à trouver une atmosphère convenables aux réformes politiques». Le «parti britannique» exécute des plans britanno-israéliens pour détruire l’Etat et le peuple libanais.
A. N.

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