Il est bien lointain le temps où l’éventualité d’un traité de paix entre les États-Unis et la Corée du Nord semblait encore possible. Aujourd’hui, les relations se retendent et Pyongyang n’hésite plus à reprendre ses invectives contre Washington. Les États-Unis sont la «cause profonde» de l’instabilité dans la péninsule coréenne, a en effet affirmé le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, cité cette semaine par les médias officiels. Malgré les récents appels au dialogue des États-Unis, il n’existe aucune raison «de croire qu’ils ne sont pas hostiles», a déclaré Kim Jong-un lors de la cérémonie d’ouverture d’une exposition consacrée à la défense à Pyongyang. L’administration Biden a assuré à plusieurs reprises qu’il n’avait aucune intention belliqueuse à l’égard de la Corée du Nord, ce qui laisse Kim Jong-un sceptique : «Je me demande vraiment si des gens ou des pays croient ça», a-t-il dit. Le dirigeant nord-coréen s’exprimait alors que son pays a procédé ces dernières semaines à un essai de missile de croisière de longue portée et à un autre d’un missile présenté comme hypersonique. En 2018, Kim Jong-un avait été le premier dirigeant nord-coréen à rencontrer un président américain en exercice. Mais les discussions sont au point mort depuis le deuxième sommet avec Donald Trump à Hanoï en 2019, qui avait échoué sur l’allègement des sanctions internationales et sur les gestes que Pyongyang était prêt à concéder en retour. Washington a répété à plusieurs reprises sa volonté de rencontrer des représentants nord-coréens à tout moment et en tout lieu, sans condition préalable. La Corée du Sud, alliée des États-Unis, a renforcé ses propres capacités militaires, en testant avec succès son premier missile balistique lancé par sous-marin en septembre et en révélant un missile de croisière supersonique. La semaine dernière, Pyongyang et Séoul ont rétabli leurs lignes de communication, en signe de réchauffement des relations pour les derniers mois en poste du président sud-coréen Moon Jae-in, favorable au dialogue. Mais Kim Jong Un a accusé Séoul de nourrir une «ambition inconsidérée» et une attitude «illogique et à double visage». Leurs «tentatives effrénées et dangereuses de renforcer leur puissance militaire détruisent l’équilibre militaire de la péninsule coréenne et augmentent l’instabilité et le danger militaires», a-t-il ajouté. L’exposition consacrée à la défense, lors de laquelle s’est exprimé Kim Jong-un, se tient à l’occasion de l’anniversaire du Parti des travailleurs, au pouvoir à Pyongyang. La Corée du Nord a fermé ses frontières l’an dernier pour se protéger du coronavirus apparu dans la Chine voisine, son principal allié et principal partenaire en matière d’échanges commerciaux et d’aides. Le pays isolé assure ne compter aucun cas de Covid-19, ce dont les experts doutent, mais ce blocus qu’il s’impose frappe durement son économie. Un rapport d’experts de l’ONU a assuré début octobre que le régime poursuivait son programme d’armement malgré les affres économiques du pays. Ainsi, l’espoir de voir les relations entre Pyongyang et Washington s’améliorer semble, du moins pour le moment, impossible à envisager. Surtout que seule la personnalité particulière, surprenante et capable de faire fi de tout protocole de Donald Trump était capable de convaincre le régime communiste nord-coréen de se prêter au jeu du dialogue. Devant faire face désormais à une administration américaine traditionnelle, Kim Jong-un retrouve ses anciens reflexes et surtout ses anciens discours provocateurs.