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samedi 1 avril 2023

Référendum du 25 juillet : les Tunisiens en décideront

Là où d’autres que Kaïs Saïed seraient portés, s’ils avaient auparavant comme lui dissous un Parlement, renvoyé un gouvernement, nommé à sa place un autre, suspendu la Constitution en vigueur, élaboré une autre, en attendant de la faire adopter par référendum, à battre le fer pendant qu’il est chaud, lui-même a pris après cela une année entière en vue de réformer de fond en comble le régime politique tunisien, ce qui vaut bien une révolution. Voilà quelqu’un en tout cas à qui il ne serait pas possible de reprocher de faire dans la précipitation, ni même d’ailleurs de vouloir prendre de court ses adversaires. L’année qu’il a prise pour déconstruire en vue de reconstruire, eux-mêmes auraient pu la mettre à profit pour faire échouer son plan. A eux non plus le temps n’a pas manqué. Le seul fait que le référendum constitutionnel puisse se tenir à la date prévue, c’est-à-dire le 25 juillet prochain, jour du premier anniversaire du coup de force dont ils ont fait les frais, semble déjà n’annoncer rien de bon pour eux. Leur victoire à eux, ç’aurait été que le référendum avorte, que Saïed n’ait pas eu le temps de l’organiser, ce qui implique qu’il soit renversé à l’heure qu’il est. Certes, la refondation à l’œuvre n’est pas encore achevée, elle peut même encore ne pas aboutir.

Mais qu’elle soit en marche, cela est indubitable. Les adversaires de Saïed, Ennahdha en tête, n’ont pas encore tout perdu, si depuis une année ils ne sont pas en position de force. Ils peuvent redresser la tête, reprendre des forces et l’initiative, repartir à l’offensive. Il suffirait pour cela que la participation soit particulièrement faible le 25 juillet prochain. Si elle était dérisoire, ce serait pour eux un motif de grande satisfaction, la preuve qu’ils ont encore un avenir, qu’ils peuvent revenir à la place qui était la leur. Une participation de cette nature, ce serait bien mieux qu’une immense manifestation rejetant le coup de force. La mobilisation anti-Saïed qu’ils n’ont pas pu obtenir depuis une année, bien qu’elle leur ait paru chose facile au début, serait enfin là, à cette différence qu’elle revêtirait une forme inattendue, diffuse, celle du boycott, auquel bien sûr ils n’ont eu de cesse d’appeler. Libre après cela à Saïed d’entendre ou non le verdict populaire. Peu importe même que les résultats annoncés soient sans rapport avec la réalité du vote. Ce qui compte, c’est qu’ils sauront à ce moment que les Tunisiens dans leur écrasante majorité sont d’accord avec eux. Mais si au lieu d’une abstention massive, c’est une participation appréciable sans être un raz-de-marée qui s’affirme le 25 juillet prochain, alors leur situation sera plus difficile qu’elle ne l’est aujourd’hui. Si de surcroît cette participation est importante, indéniable car visible à l’œil nu, toujours sans être une déferlante, une ruée sur les bureaux de vote, leur résolution risque alors d’être sérieusement ébranlée. Ils sauront que les mauvais jours, loin de se terminer, vont continuer. Dans le cas d’une participation massive, avec des électeurs prenant en quelque sorte d’assaut les urnes, ce sera pour eux le fiasco, la fin des haricots. En clair, la dissolution pour Ennahdha. Impossible, bien sûr, de savoir par avance quel scénario prévaudra le moment venu : le boycott massif, la petite ou la grande participation, ou le raz-de-marée. Tout ce qu’il est possible de savoir dès à présent, c’est que ce sont les Tunisiens qui en décideront.
M. H.

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