Au ministère de l’Agriculture, le cap est mis sur la récupération du foncier agricole non exploité. Ainsi, un nombre important de terres agricoles a été récupéré puis distribué, dans le but d’encourager les jeunes investisseurs désireux d’investir dans ce créneau. La récupération des terres agricoles non exploitées se poursuit. Plus de 750.000 hectares de terres agricoles attribuées et non exploitées, relevant du domaine de l’Etat, ont déjà été retirées à leurs détenteurs pour être réattribuées à de nouveaux investisseurs.
Selon la directrice de l’organisation foncière et de la mise en valeur, Chahira Mira-Touhami, sur les 750.000 hectares récupérés, 500.000 hectares ont été assainis, sur les plans technique et juridique, et seront réaffectés à travers l’application de ces deux décrets exécutifs. 136.000 hectares ont déjà été mis à la disposition des investisseurs à travers une plateforme numérique et une procédure complètement digitalisée, a-t-elle relevé, ajoutant que « 185.000 actes de concession ont été établis pour une superficie de 2,1 millions d’hectares ». Par ailleurs, la responsable a estimé que la cartographie des zones de production et des pôles intégrés est considérée au niveau du ministère de l’Agriculture comme une « mesure urgente » pour l’optimisation de la production et avoir une visibilité pour une planification par régions et zones. « Nous avons engagé l’établissement de la carte des zones potentielles globales qui est en cours de réalisation », a-t-elle insisté.
Le travail est basé sur l’orientation des systèmes de production par zones agroécologiques, en tenant compte des études agropédologique, climatique et économique, de la préservation et de la valorisation des ressources naturelles, sol et eau, et de la résorption des superficies en jachère, précise la même responsable. La création des pôles de production agricole permettra également de mieux orienter les systèmes d’accompagnement, de soutien et les mesures incitatives octroyés par l’Etat à ce secteur. « Aujourd’hui, nous sommes orientés vers une cartographie des zones de production agricole sur la base de données scientifiques, en relation, évidemment, avec le climat, la disponibilité de la ressource hydrique et les caractéristiques édaphiques de chaque terrain. Nous sommes aussi engagés dans la cartographie des terres selon leurs potentialités, notamment pour orienter chaque pôle de production vers une culture là où la rentabilité est assurée », explique-t-elle. A titre d’illustration, la responsable explique qu’avec cette cartographie, « si vous voulez cultiver des blés dans une zone classée à prédilection pour le blé, vous allez bénéficier de tout le soutien de l’Etat, mais si vous voulez y cultiver de la pastèque ou autre chose que le blé, vous n’aurez pas le soutien de l’Etat ». L’objectif est d’augmenter la productivité à l’hectare, pour plusieurs cultures prioritaires, insiste Chahira Mira-Touhami. Pour le problème des terres en jachère en particulier, le département prône l’introduction des cultures nouvelles, qui enrichissent le sol. « Le ministère de l’Agriculture a mis en place tout un programme par l’introduction, dans les systèmes de production, des cultures telles que le colza ou la betterave sucrière », affirme la directrice de l’organisation foncière et de la mise en valeur, qui précise que « la superficie dédiée à la culture de colza, en alternance avec le blé, est passée de 3000 à 10 000 hectares, entre 2021 et 2022 ».
Un avant-projet de loi sur la protection des terres en cours de finalisation
Un avant-projet de loi portant sur la protection des terres agricoles est en cours de finalisation au niveau du ministère de l’Agriculture, en attendant de le présenter aux acteurs concernés pour discussion et enrichissement dans une approche participative, avant sa promulgation », précise Touhami sur les ondes de la Radio nationale. Si le ministère de l’Agriculture a pu intensifier les opérations de récupération des terres non cultivées, c’est grâce à l’introduction de deux nouveaux décrets exécutifs, qui apportent « plus de souplesse et de garantie », précise-t-elle. Auparavant régie par plusieurs circulaires interministérielles, la mise en valeur des terres obéit désormais à deux décrets exécutifs. Le premier, sur la création de l’Office de développement de l’agriculture saharienne, dotée d’un guichet unique et d’un comité d’experts chargé d’examiner les dossiers d’investissement. Le second décret, 21-432, établi le nouveau dispositif d’accès au foncier agricole et abroge les anciennes circulaires interministérielles de 2013 et 2017. Il apporte davantage de souplesse, plus de garanties et donne, sur le plan règlementaire, plus de force puisqu’il s’agit d’un décret exécutif », estime la responsable.
Louisa A.R.