Sans être exponentielle, ni même particulièrement forte, la tendance à la hausse des nouvelles contaminations par jour ne s’est pas démentie depuis maintenant plusieurs semaines, ce qui laisse penser qu’elle va poursuivre sur cette lancée au moins dans celles qui viennent. Il n’empêche, la question se pose toujours de savoir si le pays est d’ores et déjà aux prises avec la troisième vague, auquel cas des mesures de reconfinement seraient envisageables, ou s’il faut avant d’en venir à telle extrémité que le nombre des nouveaux cas ne soit pas seulement à la hausse mais qu’il explose carrément. A aucun moment depuis les débuts de l’épidémie, ses chiffres n’ont été erratiques ou imprévisibles en Algérie, que ce soit à la hausse comme à la baisse. Jamais on ne s’est couché sur un tableau donné, pour se retrouver le lendemain devant une situation dix fois, ni même 5 fois, plus mauvaise ou meilleure qu’elle n’était la veille. Une évolution que bien des pays ont connue, ou connaissent dans le présent. Il n’en reste pas moins que la croissance du nombre des nouvelles contaminations s’est accélérée le mois dernier. A son rythme actuel, et pour autant que la tendance ne se renverse pas, le mois de juillet ne se sera pas écoulé que le pic de la deuxième vague sera déjà atteint, sinon nettement dépassé. Cela dit, on n’y est pas encore. Il se peut même qu’on n’y soit jamais. Pour une raison qui n’est pas mystérieuse, qui est que les Algériens ne se remettront à respecter les mesures de protection que lorsqu’ils verront s’intensifier la circulation du virus.
Le scénario de la deuxième vague pourra donc se répéter à cet égard : à plus de mille nouveaux cas par jour, les masques referont sans doute leur apparition, eux qu’on ne voit plus guère aujourd’hui, dans les lieux fermés comme à l’air libre. L’instinct de conservation est de bon conseil. Un deuxième effet bénéfique sera peut-être au rendez-vous dans ces conditions, qui fera reculer pour sa part la réticence à se faire vacciner, une tendance à ce qu’il semble majoritaire pour l’heure dans l’opinion. L’épidémie a les moyens de convaincre ceux d’entre nous qui ne la prennent pas au sérieux, ou qui se sont empressés de l’enterrer. A moins de deux cents nouvelles contaminations, on pouvait saisir au vol dans la rue des commentaires comme quoi l’épidémie était sur sa fin dans le pays, où, ajoutait-on quelquefois, elle avait trouvé à qui parler. Et si d’aventure on prenait la liberté de demander au quidam pourquoi il ne portait plus de masque, alors que le virus circulait toujours, il vous répondait, quand il était courtois, en vous interrogeant sur les raisons qui vous poussaient vous à continuer d’en porter alors que tout le monde s’en était débarrassé. Plus significatif encore, bien des gens s’étaient remis à douter qu’il y ait une épidémie en cours, ou même qu’il y en ait jamais eu une. Gageons qu’à mille nouveaux cas par jour, non seulement les masques referont leur apparition, et que dans le même temps il y aura plus de monde pour vouloir se faire vacciner, mais que les propos se riant de la pandémie seront beaucoup moins fréquents. Le virus ne fait pas que se propager en effet, et ce faisant tuer, il éduque aussi. Sans doute n’est-ce pas là son propos, mais que peut-on faire d’autre que s’en féliciter ?