Les cours du pétrole ont progressé hier, les risques géopolitiques faisant craindre de nouvelles perturbations d’une offre déjà tendue, hissant les prix à de nouveaux sommets plus atteints depuis sept ans. Hier matin, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour échéance en mars grimpait de 1,24 % à 87,55 dollars. Plus tôt dans la séance, le Brent a atteint 88,13 dollars le baril, au plus haut depuis octobre 2014. A New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en février gagnait 1,66 % à 85,21 dollars. Il a grimpé jusqu’à 85,74 dollars en séance, également son record de prix depuis octobre 2014. «Outre l’offre restreinte évoquée depuis quelques jours, les acteurs du marché voient dans les tensions géopolitiques croissantes au Moyen-Orient l’une des raisons de cette dernière embellie», selon des analystes. «Les marchés restent concentrés sur
l’équilibre délicat entre l’offre et la demande, qui semble avoir un impact assez important sur les fluctuations de prix tout au long de la reprise économique post-pandémie», remarque Walid Koudmani, analyste chez XTB. Le Nigeria produit par exemple 0,5 million de barils par jour en moins depuis la mi-2020, soit 1,4 million de bpj, selon les chiffres de SEB. L’offre de l’Angola recule également depuis 2016, pour atteindre 1,2 million de barils par jour désormais. Le risque géopolitique s’ajoute également à l’équation. Si le conflit entre la Russie et l’Ukraine s’intensifie et entraîne de nouvelles perturbations de l’approvisionnement en gaz russe de l’Europe, les prix de l’énergie, et donc du brut, pourraient encore augmenter, selon certains analystes. Les prix du gaz naturel, toujours très élevés, contribuent à la hausse des cours du pétrole. Il en résulte «une augmentation de la demande de diesel et de fioul en remplacement du gaz naturel, partout où cela est possible», souligne Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB. Et le variant Omicron du Covid-19, d’abord perçu comme une menace pour les achats de brut, s’avère moins grave pour la demande que ses prédécesseurs, n’impactant pas les consommateurs de carburant. «Seuls les membres de l’Opep et leurs alliés peuvent faire baisser les prix à ce stade en pompant davantage de brut», relève M. Sayed. «Au lieu de cela, les pays de l’Opep+ vont probablement s’en tenir à leur stratégie d’assouplissement progressif des réductions de production, car ils profitent des prix élevés actuels», poursuit-il. L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses partenaires (Opep+) annoncent, en effet, mois après mois, des augmentations marginales de leurs objectifs d’extractions, et peinent à les atteindre, ce qui ne devrait pas permettre de répondre aux besoins.
L’Opep prévoit toujours une demande «robuste» en 2022
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a maintenu hier ses prévisions de hausse de la demande mondiale de brut pour cette année, la jugeant «robuste» sur fond de reprise économique, en dépit des risques liés à l’évolution de la pandémie de Covid-19. Sa prévision de la demande a ainsi été maintenue pour 2022, avec un rebond attendu de 4,2 millions de barils par jour (mb/j) pour atteindre 100,8 millions, a indiqué l’Opep dans son rapport mensuel. «Même si l’impact du variant Omicron devrait être léger et de courte durée, des incertitudes demeurent concernant de nouveaux variants ou de nouvelles restrictions de la mobilité, alors que la reprise économique mondiale est par ailleurs régulière», note toutefois l’Organisation. Mais elle réaffirme plutôt son optimisme. Dans un article consacré aux politiques monétaires, l’Opep conclut à une prévision de la demande «robuste» et estime que «le marché pétrolier devrait rester bien soutenu tout au long de 2022». Cette vision confortera les dirigeants de l’Opep et de ses partenaires au sein de l’Opep+, qui avaient une nouvelle fois décidé, début janvier, d’augmenter leur production, pour le septième mois consécutif, afin de répondre à la demande de pétrole. Entre novembre et décembre, les pays de l’Opep ont augmenté leur production de 166 000 barils par jour, pour atteindre un total de 27,882 mb/j, selon des sources secondaires (indirectes) citées dans le rapport.
Meriem Benchaouia