Reconduction

Si ces derniers jours la tension est brutalement montée entre les dirigeants de La France Insoumise et Fabien Roussel, le dirigeant du Parti communiste, l’on ne peut que constater que ce dernier peut compter sur le soutien de ses militants, après avoir été reconduit à la tête de son parti hier. Pourtant, Jean-Luc Mélenchon lui-même était intervenu la semaine dernière pour critiquer le souhait d’indépendance de Roussel qui refuse que sous couvert d’union de la gauche, les Insoumis se croient permis d’intervenir dans les lignes politiques des partis composant la Nupes (Nouvelle union populaire et sociale). Or, s’il subsistait un doute sur la légitimité de Roussel de parler au nom des communistes français, il vient en ce début de semaine d’être définitivement levé. En effet, le secrétaire national sortant du PCF a été réélu hier à la tête du Parti communiste, réuni en congrès à Marseille, avec plus de 80 % des voix. La liste tirée par Roussel pour le Conseil national a recueilli 80,4 % des voix à l’issue du vote des militants. L’ex-candidat à la dernière élection présidentielle, 53 ans, dirige le PCF depuis novembre 2018 et sa réélection ne faisait guère de suspense après que son texte d’orientation avait déjà récolté 82 % des suffrages en janvier. Candidat malheureux à la présidentielle de 2022 avec 2,3 % des voix, Fabien Roussel a été plébiscité lors du 39e congrès du PCF au palais du Pharo pour son parler franc et sa pugnacité à affirmer ses positions face à La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon au sein de la Nupes. Soulignant «l’honneur» qui lui a été fait, le secrétaire national a dit en préambule de son discours hier, «aspirer à être digne de la confiance apportée par les militants». A l’ouverture du congrès vendredi, le député du Nord avait haussé le ton contre LFI, assumant ses déclarations sur une Nupes «dépassée» et devant s’élargir vers le centre gauche. «Mêlez-vous de vos affaires», avait-il lancé à LFI, qui avait appelé les communistes à «clarifier» leur position après les déclarations de leur chef. Et visiblement, les militants communistes n’en pensent pas moins après avoir triomphalement reconduit leur patron depuis cinq ans. Mais cette victoire ne marquera certainement pas la fin des dissensions entre Roussel et LFI et pourrait même, au contraire, braquer les Insoumis les plus arrogants qui y verront là une provocation ultime à leur statut de dirigeants, surtout après que Mélenchon lui-même a mis en garde le communiste contre son désir d’indépendance.