La crise de l’eau qui se profile à l’horizon ne semble assumée par personne. Pourtant, le problème est bien réel et au rythme de la consommation actuelle, les réserves encore disponibles risquent
d’être épuisées ou ne plus parvenir à assurer une alimentation régulière. Hier, la Société des eaux et de l’assainissement d’Alger (Seaal) a annoncé des restrictions dans l’alimentation en eau de la capitale. Dans un communiqué, elle a précisé que l’alimentation en eau de toutes les communes d’Alger sera assurée quotidiennement de 12h à 20h à partir d’aujourd’hui, mardi 18 mai. Elle a expliqué cette mesure de restriction par la nécessité de «sécurisation et optimisation de la ressource en eau», tout en précisant que cette mesure «est due à la faible pluviométrie enregistrée ces trois dernières années, engendrant une perte dans le volume de production». Le communiqué sur le rationnement a été toutefois vite retiré. Sur sa page Twitter, on trouve un autre communiqué, posté à 15h30, où Seaal affirme : «Le programme de distribution d’eau potable établi le 7 avril 2021 durant le mois de ramadhan pour Alger est toujours en vigueur et reste inchangé».
Début avril dernier, un autre coup de théâtre s’est produit lorsqu’un responsable de l’Algérienne des eaux (ADE) a annoncé un rationnement de l’eau durant le mois de ramadhan à Alger. Le ministre de tutelle, Mustapha-Kamel Mihoubi, avait aussitôt affirmé que le programme d’alimentation ininterrompue en eau potable de la capitale et des wilayas limitrophes sera maintenu durant le mois de ramadhan.
Cette décision a été prise après étude d’évaluation des potentialités hydriques disponibles, et compte tenu des résultats des rapports élaborés par des cadres du secteur concernant les travaux de consolidation des eaux superficielles et d’extension de quatre stations de dessalement de l’eau de mer, avait indiqué le ministre.
Cette décision est intervenue après consultation des principaux acteurs, dont les directeurs de l’Agence nationale des barrages et transferts (Anbt), de l’Algérienne des eaux (ADE), de la Société des eaux et assainissement d’Alger (Seaal) et des directeurs centraux, avait-il souligné.
Sur les chaînes de télévisions publiques, l’on continue à diffuser un appel à une meilleure utilisation de l’eau. Du côté des citoyens par contre, on consomme sans trop se soucier de l’état des réserves ou du risque de coupures. A Alger, l’alimentation en H24 est officiellement maintenue, mais des interruptions de l’approvisionnement sont quasi fréquentes à travers différents quartiers. Dans plusieurs appartements et bâtiments, les jerricans et les citernes ont refait leur apparition. Les citoyens ne prennent plus le risque et préfèrent faire des stocks de crainte de coupures, souvent non annoncées. Avec les couacs de communication des sociétés de distribution de l’eau, l’on risque de voir les citoyens ne plus croire aux annonces liées notamment à une utilisation mesurée de l’eau. Annoncer un rationnement et faire, quelques heures après, un rétropédalage n’est pas le meilleur moyen de convaincre la population du bien-fondé du stress hydrique qui affecte le pays et de la nécessité de bannir le gaspillage de l’eau.
Aomar Fekrache