Si le Parti socialiste n’est plus ce qu’il était et s’il a perdu beaucoup des grandes figures qui le représentaient, il continue malgré tout à abriter quelques noms connus de la politique française. Parmi eux, la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui a été confortablement élue à la tête de la capitale française l’année dernière, malgré de nombreux pronostics la donnant perdante. Aujourd’hui, confortée par une partie de sa base et surtout par la direction du PS, elle se voit encouragée fortement à se lancer à la course à l’Élysée. Et si elle ne s’est pas encore prononcée en ce sens, l’édile, en déplacement hier à Douai (Nord), a présenté dans «La Voix du Nord» les grandes lignes de son futur projet, porté par la plateforme «Idées en commun». «Nous sommes un certain nombre d’hommes et de femmes persuadés qu’un autre chemin est possible, qu’il faut construire une alternative basée sur une conjugaison de l’écologie et du social, et sur une revitalisation de la démocratie», a-t-elle déclaré dans le quotidien régional, ajoutant ainsi un nouvel étage à la structure qu’elle construit pour 2022. Une première pour la maire de Paris, qui d’habitude n’aborde jamais le sujet d’une possible candidature de façon aussi frontale. Si Anne Hidalgo ne se dit pas encore officiellement en campagne, elle souligne ne pouvoir se «résoudre à voir (son) pays contraint à revivre le duel de 2017, avec un risque réel de voir l’extrême droite arriver au pouvoir». Elle affirme avoir été poussée par «beaucoup d’amis socialistes, des intellectuels et artistes» avec ce message : «Tu ne peux pas rester spectatrice, tu as une voix qui porte dans un paysage marqué par l’éclatement de la gauche. Il faut que tu nous aides à faire émerger une autre proposition». À ses côtés pour porter cette ambition, «une véritable équipe de France», a assuré la maire socialiste de Paris en présentant les acteurs principaux. Parmi lesquels «des maires d’expérience», comme François Rebsamen à Dijon (Côte d’Or) et Martine Aubry à Lille (Nord). Hidalgo se présente par ailleurs comme «une social démocrate» qui croit «en la radicalité de la réforme, (…) à la construction de ponts entre les gens, pour définir comment réussir la transition écologique, réindustrialiser le pays avec une économie décarbonée». C’est le paysage politique, dans une société «hyperconflictuelle» qui lui permettrait de mieux faire que le candidat PS de 2017, Benoît Hamon (6,36 %). Il s’était présenté, lui aussi, sous les couleurs de la social-écologie. Selon elle, Emmanuel Macron «n’apparaît plus comme un rempart face au Rassemblement National» pour avoir négligé «la question sociale et le dialogue dans la société». Aux Insoumis et aux écologistes décidés à présenter chacun un candidat, Anne Hidalgo affirme que présenter trois candidatures distinctes serait «une grosse erreur». «J’appelle à agir ensemble, pacifiquement. Les gens ne font pas confiance à ceux qui s’invectivent». Dans les sondages cependant, Anne Hidalgo n’est pas encore parvenue à décoller, ni même à dépasser nettement son principal concurrent écologiste, Yannick Jadot. Si Hidalgo s’est faite réélire très largement par les Parisiens l’an dernier à la tête de leur ville, il sera plus difficile pour elle de rallier le reste des électeurs de France, souvent rebutés par le parisianisme de certains responsables politique qui, à l’instar de l’édile de la capitale, tiennent des discours parfois très éloignés des préoccupations les plus prégnantes pour les Français. Reste à voir si une candidature de Hidalgo serait assez convaincante pour pousser Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot à se rallier à elle pour éviter une victoire de Macron ou Le Pen, ou si les ambitions personnelles des deux hommes auront raison de calculs politiques pragmatiques.