Alors qu’Éric Zemmour remonte depuis quelques semaines dans les sondages, se retrouvant même virtuellement au second tour de la présidentielle face à Emmanuel Macron, il continue à multiplier les ralliements, parfois inattendus. L’un des chefs de parti souverainiste polynésien, Tauhiti Nena, soutien d’Emmanuel Macron en 2017, a ainsi annoncé son soutien au candidat de Reconquête !, lors d’une conférence de presse, samedi à Papeete. Leurs deux partis ont signé cette semaine à Paris un accord de soutien mutuel. Reconquête soutiendra pour sa part Tauhiti Nena lors de sa candidature aux législatives. Jeudi, l’un des responsables de la campagne outre-mer d’Eric Zemmour, Benjamin Cauchy, s’était réjoui sur Twitter du soutien et du parrainage du «nouvel homme fort de Polynésie française». Ancien ministre polynésien de l’Éducation et des Sports sous la présidence de l’indépendantiste Oscar Temaru, Tauhiti Nena s’est ensuite rapproché de son adversaire historique Gaston Flosse, avant de fonder ce samedi son propre parti, Hau Ma’ohi Ti’ama, qui peut se traduire par «la liberté (ou l’indépendance) pour le peuple ma’ohi» (polynésien). Conseiller municipal dans l’opposition à la mairie de Papeete, Tauhiti Nena est aussi un ancien boxeur, vainqueur des Jeux du Pacifique-Sud en 1995. Il a été élu, la semaine dernière, président de la Fédération océanienne de boxe. Tauhiti Nena prône la souveraineté de la France, alors qu’Eric Zemmour, selon sa porte-parole en Polynésie, Valérie Poirson, souhaite le maintien des outre-mer dans l’ensemble français. «Eric Zemmour est un grand défenseur de l’identité : de l’identité française, certes, mais aussi de l’identité de chacun des Territoires d’outre-mer», a déclaré Valérie Poirson. Les deux partis ont assuré qu’ils combattraient ensemble l’obligation vaccinale et qu’ils défendraient la reconnaissance du fait nucléaire et du fait colonial en Polynésie. Le soutien à des partis nationaux vise souvent, pour les partis polynésiens, à compter leurs électeurs, les considérations idéologiques étant parfois secondaires. En 2017, Tauhiti Nena avait soutenu Emmanuel Macron. Le parti indépendantiste d’Oscar Temaru, d’où est issu Tauhiti Nena, a longtemps soutenu le Parti socialiste et prône aujourd’hui l’abstention. Le parti autonomiste de Gaston Flosse, récent allié de Tauhiti Nena, appelait en 2017 à voter pour Marine Le Pen et aujourd’hui pour Valérie Pécresse. Quant au parti autonomiste de l’actuel président Edouard Fritch, il s’est prononcé cette fois en faveur d’Emmanuel Macron après avoir soutenu François Fillon à la présidentielle précédente. Éric Zemmour, loin des sentiers battus, rassemble ainsi des profils très hétéroclites, allant des souverainistes polynésiens aux descendants des rois de France. Reste à voir, toutefois, si ce sera utile à sa campagne et si dans les semaines à venir il réussira surtout à réunir les 500 parrainages dont il a désespérément besoin pour confirmer officiellement sa candidature et pouvoir effectivement participer à l’élection présidentielle, dont le premier tour se tiendra le 10 avril prochain.