L’aviation israélienne opérant en force a tué à l’aube de mardi dernier, dans leurs lits et en même temps que des membres de leurs familles, trois dirigeants des Saraya Al-Qods, la branche armée du Jihad islamique, en représailles aux tirs de roquette que cette organisation avait effectués après le décès de Kader Adnan des suites de sa longue grève de la faim dans les geôles israéliennes. A en croire une source israélienne, le gouvernement de Benjamin Netanyahou devait procéder à ces liquidations, et autres destructions de sites appartenant à la même organisation palestinienne, dès après ces tirs de roquettes. Des imprévus techniques auraient fait reporter l’opération. Le plus vraisemblable est que les autorités israéliennes, objet d’une forte et incessante contestation interne, attendait le bon moment pour à la fois liquider des ennemis, renouant du même coup avec la politique des assassinats, et en tirer profit politiquement. Les roquettes palestiniennes ont pu causer des dommages matériels, elles n’ont fait ni mort ni blessé.
Les attaques aériennes israéliennes elles par contre ont tué, en plus des trois dirigeants ciblés, une douzaine de Palestiniens, des victimes collatérales, de la vie desquelles l’armée israélienne ne s’est guère souciée, laquelle pourtant se félicite maintenant de la précision de ses tirs, de son savoir-faire inentamé. Preuve est à nouveau faite que le régime d’apartheid israélien n’a aucun respect pour la vie des Palestiniens. Il se fait gloire d’avoir la main suffisamment longue pour l’abattre sur tout ennemi où qu’il se trouve et au moment choisi par lui. En réalité, pour éliminer trois ennemis déclarés, il massacre à l’aveugle tout ce qui se trouve autour d’eux au moment de son attaque. Il y a eu une douzaine de personnes que les attaquants ne visaient pas, mais qui ne pouvaient pas être ailleurs eu égard à l’heure de leur opération. Personne dans le monde ne demandera des comptes à Israël pour cette douzaine de crimes absolument gratuits. La «seule démocratie au Moyen-Orient» a le droit de se défendre, dira-t-on une fois de plus, si toutefois il est regrettable que ses tirs ne soient jamais ces frappes chirurgicales censées être sa spécialité. Comme par hasard, la seule démocratie au Moyen-Orient est un apartheid, ce qu’il y a de pire en termes de régime, pire en tout cas que n’importe quelle dictature. Quelques heures plus tard à Jénine en Cisjordanie occupée, deux jeunes Palestiniens sont abattus pour avoir tiré sur des soldats israéliens. Ce n’est pas la riposte qu’attendaient les Israéliens, laquelle à l’heure où ces lignes sont écrites ne s’est toujours pas produite. Une première dans l’histoire de la résistance palestinienne qui jusque-là répondait du tac au tac. Pas cette fois-ci, obligeant les Israéliens à rester sur le qui-vive, et à évacuer les unes après les autres les colonies susceptibles d’être atteintes par les roquettes palestiniennes. Tout se passe donc comme si les organisations palestiniennes, non seulement au sein de celle qui a été ciblée, ont convenu de ne pas réagir à chaud, mais de se concerter, de bien étudier leur coup avant de l’asséner. Pour rassurer sa population, le gouvernement israélien se dit prêt à tous les scénarios, y compris donc à répondre à des attaques venant de plusieurs côtés à la fois. Ce qui serait également une première, ce serait en effet que ces attaques ne viennent pas seulement de Ghaza, pas même seulement de Palestine. Jamais en tout cas une telle éventualité n’a semblé aussi sérieuse que cette fois-ci.